Enfin trois .. (PV. Emma)

Comme un symbole à cette entente tardive, le rire de Noah chassait le froid qui s’était accaparé la maison familiale et balayait les derniers événements. Il arrivait donc à point nommé. Dorian était encore sur son petit nuage d’avoir pu entendre, le temps de quelques secondes, ce doux son qui s’était échappé de son fils. Son sourire ne quittait donc plus ses lèvres, d’autant plus que le courant passait bien entre lui et Emma. Bien sûr, il n’y avait pas de quoi sauter au plafond puisque leur fameuse discussion n’avait toujours pas eu lieu et qu’il leur faudrait encore pas mal de temps pour oublier définitivement ces derniers événements. D’une certaine manière, ce conflit qui les opposait et piétinait leur complicité, les avait séparé comme jamais auparavant. De longs silences s’étaient installés, des propos blessants avaient été tenus, des portes avaient été claqué .. assez de choses pour que ce conflit change définitivement la manière de fonctionner de leur couple. Ils ne pourraient plus se comporter comme ils le faisaient jusqu’à présent. Noah n’était donc pas le seul à impliquer de nombreux changements.

Dorian avait abandonné, sans même s’en rendre compte, toutes ses pensées obscures depuis que Noah lui avait ouvert les yeux. L’image d’eux trois réunis dans la même pièce, le sourire aux lèvres lui avait suffit pour prendre conscience de la chance qu’il avait. Désormais, il ne doutait plus qu’avec une bonne dose de volonté, les choses pourraient s’arranger entre lui et Emma. Assurément, elle était la seule personne dont il était amoureux et avec qui il souhaitait tout partager et, en définitive, Kate était son faux pas qui lui avait réellement permis de s’en rendre compte. C’était triste d’en arriver là pour se rendre compte d’une telle chose mais que cela lui plaise ou non, il devrait vivre avec ça.

Tout en préservant la magie du moment, Dorian se tenta à une remarque pour laquelle il ne s’en serait pas senti capable il y a encore une demi-heure. Il pensait enfin pouvoir retrouver ce doux et irrésistible contact affectif mais c’était sans compter sur la malice de son interlocutrice. L’idée qu’elle veuille se venger de sa précédente maladresse ne lui vint toutefois pas à l’esprit. Leurs lèvres se rapprochèrent suffisamment pour que Dorian puisse croire concrètement à ce rapprochement mais ce dernier en resta-là. Sa remarque ne manqua toutefois pas de le faire sourire. Au final, il n’avait pas droit à un baiser mais cette attitude avait le mérite de lui faire retrouver Emma telle qu’il l’aimait. De son côté, Noah ne manqua pas de rire à nouveau.

« J’en suis pas si sûr mais j’ai plutôt comme impression que je viens d’avoir droit à un des aperçu de ta spontanéité .. n’est-ce pas ?! »

Dorian n’eut réellement le temps de finir sa phrase puisque l’image de son plat en train de chauffer lui revint subitement en mémoire. Très rapidement, il se leva puis contourna le canapé pour rejoindre la cuisine en quatrième vitesse. Son plat n’était pas perdu mais disons qu’il serait bien cuit. Quelques instants plus tard, le malheureux cuisinier rejoignit sa petite famille dans le salon, un sourire d’autodérision aux lèvres.

« Si tu as faim c’est prêt. »

Sans la présence rassurante de leur fils, le couple ne se serait probablement pas donné autant de mal pour produire des efforts. Malgré leur caractère entêté, les deux protagonistes plaçaient les intérêts de leur fils avant tout autre chose. En ce temps de conflit, il n’y avait plus que lui pour les relier puisque tout le reste s’était envolé, balayé par un coup de vent brusque et destructeur. Leur amour n’avait toutefois pas changé mais le fait est que le courant ne passait plus du tout. Au fil du temps, ils en étaient arrivés à ne plus savoir comment dire ‘je t’aime’.
En ce début de soirée, Noah réussissait à accaparer leur attention dans la même pièce et au même moment. Puis, devant son rire salvateur, aucun de ses deux parents ne pouvaient ne pas sourire ni n’échanger un regard hautement chargé en signification.

La scène qui suivit était l’image parfaite d’une famille toute récente qui commence à vivre ensemble et pour qui tout se passe bien. Après un moment qu’ils n’étaient pas prêt d’oublier, chacun s’occupa d’une chose différente sans que cela ne soit le signe d’une quelconque mésentente.
Le sourire aux lèvres, Dorian regarda Emma et Noah disparaître dans le couloir et, quant à lui, il ne tarda pas à se lever à son tour pour s’occuper de leur dîner. Malheureux en cuisine, ce dernier essaya de se rattraper sur la décoration de la table. Mais, surtout, il prit bien soin de vérifier la présence de pots de glace dans le congélateur ainsi assuré de faire plaisir à Emma. Tandis que cette dernière installait leur petit bout dans son transat, Dorian s’affaira en cuisine pour ne pas perdre trop de temps. Affichant toutefois une mine déçue, il disposa les assiettes de chaque côté de la table et prit enfin place de son côté.

« Je préfère te prévenir tout de suite, tu ne vas pas goûter à de la grande cuisine .. mais il y a de la glace pour le dessert. »

Sa petite moue ne resta pas présente bien longtemps puisqu’il lui suffit de poser son regard sur Emma et de remarquer son sourire pour oublier cet infime détail culinaire. Au final, il pouvait être déçu d’une chose en particulier. Le fait de ne pas avoir réagit ni agit plus tôt pour se convaincre que des moments en famille tels que celui-ci valaient tout le reste. Là, tout paraissait simple et évident à la fois. Alors, comment avait-il pu se convaincre que rester silencieux et attentiste finirait bien par amener leur couple quelque part ? En continuant de cette façon, ils n’auraient pu que se retrouver dans une impasse. Soit. Dorian oublia bien vite ces quelques pensées pour profiter pleinement de ce moment en famille. Pendant qu’ils mangeaient, Dorian demanda une chose tout naturellement, sans appréhension ni idée reçue.

« Comment on s’organise pour demain ? Je commence à l’hôpital en fin de matinée et j’ai une garde qui m’attend ensuite .. »

A première vue, les choses semblaient reprendre leur cours normal, graduellement. Dorian semblait s’être définitivement débarrassé de ses pensées obscures, de ses doutes comme de ses incertitudes. Cela parce que sa petite famille avait subitement prit une nouvelle dimension dans son esprit. Il ne pouvait être plus fier de son fils qu’actuellement. Lui qui, du haut de ses quelques semaines, avait permis quelque chose d’inespéré entre ses parents.

En apparence, cette demi-journée ressemblait aux précédentes : monotone, désagréablement longue et inutile. A en croire par l’atmosphère glaciale qui régnait dans la petite maison, pourtant située dans un quartier vivant et dynamique, rien ne laissait présager une telle issue. En moins de temps qu’il n’en faut pour s’en rendre compte, Dorian et Emma recommençaient à se réapproprier leurs habitudes. Il n’y avait là rien de trop notable puisqu’il leur faudrait encore passer par la case ‘discussion sérieuse et inévitable’ et avancer petit à petit dans la renaissance de leur couple. Mais ces premiers signes de reprise étaient forcément encourageants et cela n’avait pas échappé aux intéressés. Leurs sourires éclairaient désormais leurs visages, jusque-là fermés et lassés par tant de conflits.

A présent, tous trois profitaient du moment qu’ils passaient ensemble, comme si ça en était un de plus à passer en famille alors que, depuis la naissance de Noah, ces moments-là s’étaient fait rares. En effet, exceptés les moments passés avec leurs amis et avec leurs familles, cela n’avaient pas eu lieu d’être. Le couple avait enfin pris conscience de l’importance de leur famille et de l’imbécillité de leur attentisme, leurs attitudes égoïstes qui n’avaient mené à rien sinon à se faire mutuellement souffrir.

Tout juste avant de passer à table, Dorian eut le plaisir d’entendre - pour la première fois depuis des siècles - le rire de son interlocutrice. Entre ce dernier et le rire de son fils, il ne demandait rien de plus. Finalement, il suffisait de choses simples pour être heureux. Pour le plaisir de ré-entendre ce son une nouvelle fois puis encore et encore, Dorian était capable de répéter inlassablement la même phrase.
Ce repas annonça également la reprise d’une discussion tout à fait naturelle, vierge de tout reproche ou de quoi que ce soit d’autres. Pour la toute première fois, l’organisation autour de Noah n’était plus un problème. Celle-ci ne donnait pas lieu à un débat où chacun restait fermement convaincu de ses arguments. Le sourire aux lèvres, Dorian hocha doucement la tête en signe d’acquiesement.

« Parfait. »

Ce dernier aurait très bien pu s’abstenir de répondre puisque la question était réglée mais il avait envie de faire savoir combien il se sentait à l’aise tout à coup. Durant ce laps de temps, Noah avait rejoint les bras de Morphée. Avant que sa maman ne le couche dans son petit lit, Dorian lui déposa un baiser .. puis finalement plusieurs sur la joue et les laissa ensuite filer. Pendant ce temps, il en profita pour débarrasser la table puis pour nettoyer le plan de travail de la cuisine. Il amena ensuite le pot de glace qu’il posa sur la table, avec deux petites cuillères. Emma revint au même moment et l’entraîna en direction du salon, ainsi il en oublia ce qu’il venait tout juste de faire. A l’inverse que précédemment, cette soirée se déroulait avec le sourire et dans la bonne humeur. Dorian relança le film puis s’installa dans le canapé avec Emma à ses côtés, n’hésitant pas à la prendre dans ses bras puis à les recouvrir de leur plaid. Détail obligé de chacune de leurs soirées. Cette fois, il n’écouta pas un traitre mot du film, Emma accaparant toute son attention.

« Maintenant qu’on ne fait plus face à de petits yeux innocents, on pourrait peut être reprendre là où on en était .. ? »

Tout à fait subtilement, un malicieux sourire en coin, Dorian parvint à remettre ce dont il avait envie dans la discussion. La situation était plutôt comique, étant donné qu’ils étaient installés depuis moins de cinq minutes et que Dorian semblait ne pas pouvoir se montrer plus patient.

D’une certaine manière, le fait de redécouvrir de vieilles habitudes ou de commencer à en prendre de nouvelles était une bonne chose. Depuis presque trois semaines qu’ils étaient trois, Dorian et Emma avaient un nouveau rôle, celui de parents. Ce n’était pas forcément évident mais, au final, ils ne s’en sortaient pas si mal. Leurs appréhensions s’étaient envolées lorsqu’ils avaient acquis l’intime conviction qu’ils y pourraient y arriver. Avant cette naissance, chacun avait une vie bien remplie - au trois quart par le travail au SGH - alors l’arrivée d’un bébé ne pouvait que les effrayer. Pourtant, ils géraient cela correctement hormis leur conflit. Malgré ce dernier, ils étaient parvenu à se mettre d’accord sur ce qu’ils voulaient faire ou non par rapport à Noah ou sur la manière dont ils voulaient s’en occuper.

Voguant de moments agréables en moments agréables, le couple pu se retrouver comme il se devait une fois que leur enfant fut couché. Si tout allait bien, Noah ne se réveillerait pas jusqu’au lendemain matin, et il pourrait peut être faire une exception pour ne pas se réveiller dès l’aube (^^). En apparence, la suite de cette soirée ressemblait à la plupart de leurs soirées en amoureux, pour celles qu’ils ne passaient pas à l’extérieur bien entendu. Tous les éléments, ou presque, étaient réunis, leur enthousiasme avec. Pourtant, c’était légèrement différent. Pour cause, leur couple partait sur de nouvelles bases. Ils avaient d’ores et déjà vécu beaucoup trop d'épreuves pour de jeunes adultes, mais leur relation méritait d'être sauvée, préservée à tout jamais. Malgré les erreurs qu’ils avaient commises.

A présent, Emma se retrouvait blottie dans ses bras comme si les premiers événements de l’après-midi n’avaient pas existé. Dorian se sentait agréablement bien, une sensation qu’il n’avait plus éprouvé depuis longtemps. Ce sentiment de sérénité, qui autrefois faisait partie de son quotidien, l'envahissait de nouveau sans qu'il ne puisse s'en départir. L'espoir qui semblait l'avoir quitté, venait le reconquérir, l'inondant graduellement d'un certain bien-être. Il n'y avait qu’Emma, puis maintenant Noah, qui arrivaient à lui procurer cette quiétude, quiétude qui ne l'avait pratiquement jamais quitté depuis leur rencontre. Bercé par ce sentiment si gratifiant, Dorian ne tarda pas pour dire implicitement ce qu’il avait derrière la tête. Même à cet instant précis, son interlocutrice n’hésitait pas à se jouer de lui, à le faire languir une fois de plus. Etonné, il n’eut pas réellement le temps de trop réagir à cela puisque Emma se rapprochait déjà de lui pour l’embrasser. Jusqu’à cet instant, il aurait été incapable de dire combien ces baisers lui avaient manqué. Il redécouvrait cela comme au premier jour. Doucement, Ses mains parcoururent le dos d’Emma, à la recherche de la moindre parcelle de sa peau douce, alors que ses lèvres se soudaient aux siennes. Quand il sembla enfin comprendre ce qui lui arrivait, elle mit fin à leur étreinte et il se sentit complètement vulnérable. En obéissant à ses pulsions, Dorian se serait probablement excusé pour tout et il lui aurait fait la promesse solennelle de changer définitivement. Mais il ne devait pas mélanger ce qui leur arrivait. Malgré son envie, ce qui les opposait ne pourrait pas se régler en une seule soirée et ce serait tout gâcher que d’introduire cela dans la discussion. Son regard ardent ne quittait plus celui d’Emma et ses mains ne se détachaient plus de son corps.

« J’adore ce film. »

Un sourire amusé au coin des lèvres, Dorian releva l’ironie de la situation. Il n’avait absolument aucune idée de ce qu’il pouvait se passer ni de ce qu’il pouvait se raconter. En somme, Emma accaparait toute son attention ainsi que toutes ses pensées. Il posa délicatement une main sur sa joue et l’embrassa à nouveau, ne pouvant pas résister plus longtemps.

Durant un temps, ils se seront éloignés à un point tel que le mot espoir n’eut plus lieu d’être. Des obstacles, des disputes et des périodes difficiles, le couple en avait connu mais les avait toujours surmonté ensemble. Le présent conflit les opposait véritablement, ils étaient adversaires et ne s’épargnaient absolument rien compte tenu de leurs caractères explosifs. Dans le même temps, ils se déchargeaient de toute la pression qu’ils accumulaient, en partie dû à leur travail, le reste dû à leur nouveau statut. En somme, c’était une guerre ouverte où chacun imposait ses arguments avec force et conviction. Dans un sens, cela aurait été compréhensible venant de la part de personnes pour qui l’amour ne voudrait plus rien dire. Pour eux, ce n’était pas le cas. Loin de la même. Leur amour était intact, aussi pur qu’au premier jour malgré la tentation de Dorian qui aurait pu tout dévaster sur son passage. Ils ne savaient plus comment faire fonctionner leur couple ni comment surmonter leurs difficultés. Cela engendrait une certaine frustration, où chacun semblait vouloir rejeter la faute sur l’autre.
Ce n’était que deux jeunes adultes qui apprenaient à composer avec les hauts et les bas d’une vie qui ne les épargnerait pas plus que d’autres. Leur fils adoré était heureusement là pour leur faire prendre conscience du temps qu’ils gâchaient. Ils piétinaient et ignoraient les prémices de leur nouvelle vie de famille.
Leur propension mutuelle à inverser - volontairement ou non - le cours des choses d’un instant à l’autre venait de leur permettre de passer un nouveau stade. Pas un de plus dans la chute libre de leur couple mais un premier pour commencer à sortir la tête de l’eau.

Naturellement, Dorian et Emma se rapprochèrent dès l’instant où la soirée leur fût entièrement réservée. Noah dormait dans la pièce au fond du couloir, et ses parents espéraient secrètement que sa nuit ne serait pas interrompue. Le film, élément accessoire et très vite oubliée, devint très rapidement inexistant pour le couple qui semblait avoir oublié la notion même du temps. A peine la remarque de sa chérie terminé, Dorian déposa son front contre le sien, son regard s’ancrant au sien. Il y avait tant d’amour et de désir dans ce regard. Tendrement, il déposa ses lèvres contre les siennes , partageant ainsi un baiser empreint de douceur et de sincérité. Celui-ci s’éternisa, chacun des protagonistes se délectant de la divine caresse de leurs lèvres entremêlées. Une certaine habitude ne dérogea pas à la règle : Emma se plaça sur ses genoux sans pour autant rompre leur baiser. Aussi lentement que possible, ce dernier prit fin. Replaçant une mèche de cheveux qui tombait sur son visage, les lèvres de Dorian explorèrent délicieusement son cou. Puis, brusquement, il stoppa son entreprise et, de son regard chocolat (...^^), accorda une plus grande attention au corps qui lui était offert. Malgré sa grossesse, Emma était exactement la même qu’avant d’un point de vue physique. Ses traits étaient toujours aussi fin, son corps toujours aussi attirant, ses yeux toujours aussi séduisant, ce qu’elle portait toujours aussi soigneusement choisi. Plus d’une fois, elle avait exprimé son appréhension à ce sujet et Dorian avait eu raison sur toute la ligne lorsqu’il lui avait promis le contraire.

« Je crois qu’on serait encore mieux dans la chambre pour discuter du film .. maintenant terminé. »

Libérant une main, Dorian attrapa la télécommande du bout des doigts pour éteindre l’écran de télévision et ainsi plonger la pièce dans le noir presque complet. Après une série de nouveaux baisers le long de son épaule, il se réfugia dans son cou pour respirer son doux parfum et profiter de l’instant qui leur était entièrement consacré.

D’une façon qui leur était propre, le couple parvint sans difficulté à se fondre dans une bulle d’intimité. Un lieu dans lequel chacun d’eux perdait la notion du temps, où tout le reste n’avait plus d’importance. Ce moment était forcément très agréable mais également troublant. Cela faisait tellement longtemps qu’ils ne s’étaient pas retrouvé de la sorte que le simple fait d’échanger un regard ou un baiser leur procuraient de nouvelles sensations. Dorian et Emma ne retrouvaient pas exactement les mêmes sensations que par le passé. Le moment était différent et, avec lui, tout le reste également. Ce point de détail ne pouvait rendre la soirée que plus salvatrice, plus symbolique. Symbole d’un nouveau départ implicitement annoncé pour leur couple, que chacun espérait durable et solide. Ce conflit, qu’ils commençaient à résoudre, ne pouvait que les rendre plus forts, les faire grandir d’une certaine manière et les débarrasser de leurs mauvaises attitudes.

A chaque seconde qui s’écoulait, Dorian ne pouvait être que plus attiré par sa chérie. Entre deux baisers, il plongeait son regard dans le sien pour se communiquer leurs sentiments mutuels et, à mesure que le temps défilait, Dorian multipliait ses baisers et ses caresses comme si il cherchait à rattraper le temps perdu. Cela ne serait évidemment pas possible mais il démontrait ainsi son manque affectif. Comment avaient-ils pu réussir à se passer l’un de l’autre pendant autant de temps ? Là, à cet instant, leur amour semblait atteindre son zénith et la possibilité qu’il y ait pu avoir ou qu’il y ait un quelconque conflit entre eux paraissait irréaliste.

« Discuter ? .. j’ai dit ça moi ?! »

Dorian affichait un air malicieux, loin de désirer une quelconque discussion. En réalité, il ne souhaitait que profiter de leur soirée dans une pièce plus appropriée. Il est vrai que tous deux pourraient évoquer ce qui les opposait mais ce serait mélanger les choses. Leurs retrouvailles se déroulaient merveilleusement bien mais, les quelques éléments qui les divisait continueraient à le faire encore. Ce moment ne suffirait pas à gommer tout le reste bien que le couple était prêt à le croire. Toutefois, tout le reste était sur le bonne voie. Ils pourraient bientôt profiter pleinement de leur vie de famille.

Le couple rejoignit leur chambre sur la pointe des pieds, leurs pas faisant doucement craquer le parquet de la maison. A peine la porte fermée, qu’ils reprirent là où ils s’était arrêtés. Bouillonnant de passion sous leurs baisers plus ardents les uns que les autres, Dorian entoura sa chérie de ses bras et fit quelques pas, avançant prudemment dans l’obscurité de leur chambre. Il la plaqua doucement contre le mur et ses mains partirent à la conquête de la moindre parcelle de sa peau douce.

« Tu m’as manqué. »

Dorian n’aurait pu s’empêcher de lui dire une telle chose, si sincère et si véridique. Ensuite, il la laissa enrouler ses jambes autour de sa taille puis, tandis qu’il la soutenait, il la porta jusqu’au lit où ils purent s’allonger. Là, il se redressa légèrement pour retirer sa chemise plus facilement, chemise qui virevolta avant de s’échouer quelque part au sol. Aussitôt, il rapprocha son visage du sien et après quelques secondes d’immobilisme, son regard ancré dans le sien, ses lèvres se scellèrent à nouveau aux siennes.

Malgré toute sa fierté accumulée depuis plusieurs semaines maintenant, Dorian attendait impatiemment ce moment. Celui-là même où les mots n’auraient plus lieu d’être, gagné par l’intensité de leurs regards respectifs. Il n’y existait probablement pas d’autre moyen de reconstruire des bases solides pour leur couple. Au fond, chacun avait besoin de prouver son amour et de s’assurer de sa réciprocité. Dorian en avait cruellement besoin. Toutes ses journées où, à cause de leur mésentente, il n’avait pas pu se glisser derrière Emma alors qu’elle préparait quelque chose à manger et l’embrasser dans le cou, en lui murmurant à quel point il l’aimait. Ou, plus simplement, il rêvait de pouvoir lui narrer le merveilleux moment qu’il avait passé avec leur fils, même si Noah n’était âgé que de quelques jours. Il regrettait toutes ses choses qu’il n’avait pas pu faire car c’était en grande partie se faute.

Les murs de leur chambre semblaient avoir soudainement rétréci tant leur bulle d’intimité était intense. Cette pièce avait beau être plus appropriée que le salon, il n’en restait pas moins que le couple n’accordait pas la moindre importance à quoi que ce soit.
Doucement mais sûrement, leur complicité faisait son chemin. Parce que son vocabulaire semblait l’avoir abandonné, Dorian n’ouvrait la bouche que pour exprimer le même mot. Malicieuse, Emma se jouait de lui comme elle avait si bien l’habitude de faire. Son silence, quant à lui, n’était que le signe d’une vengeance future .. mais, piètre acteur, Emma avait probablement pu lire en lui à livre ouvert.

Après quelques minutes d’une étreinte ardente, le couple s’installa enfin sur leur lit. Presque aussitôt, Emma bascula de façon à se retrouver à califourchon sur Dorian. Appuyé sur ses coudes, il la regarda retirer son haut et avant qu’elle n’ait fini, Dorian s’était déjà rapproché au maximum, prêt à sceller ses lèvres aux siennes pour un nouveau baiser aussi agréable que les précédents. Ensuite, ils s’allongèrent à nouveau sur leur lit et, graduellement, de délicieux frissons envahirent l'intégralité de son corps lorsque Dorian sentit les mains de sa chérie parcourir ses hanches, son ventre puis son bas-ventre. Un sourire coquin naquit alors sur son visage. Il n'y avait aucun mot pour décrire tout le bonheur qui l'habitait à cet instant précis, l'inondant d'une sérénité palpable. Il sentit chacun de ses membres se détendre, s'abandonnant totalement à l'étreinte troublante qu'elle lui procurait. Sa respiration devenait saccadée à mesure que tous ces petits gestes qu'elle lui prodiguait, le comblaient entièrement. Le plaisir se lisait sur chacun de ses traits.

Immobilisant ses grandes mains sur les hanches souples d’Emma, un sourire rassurant éclaira son visage lorsqu’elle prit la parole, après une série de baisers indescriptibles et assurément délicieux. Le sourire qu’elle lui adressa, leurs visages à quelques millimètres l’un de l’autre, sa façon de le regarder. Tout cela lui avait terriblement manqué et il se demandait comment il avait pu se montrer aussi passif, durant quatre longs mois, envers une femme, si douce, si attrayante, si parfaite. Plongeant alors son regard plein d’espoirs dans le sien, Dorian laissa défiler une poignée de secondes avant de se lancer.

« Tu veux toujours être ma femme ? »

Le moment était parfait pour des retrouvailles mais peut être pas pour introduire une telle question. Dorian n’en savait rien et, à vrai dire, il ne s’était pas posé la question. A cet instant-là, il ne pouvait pas être plus sûr de lui quant à son avenir avec Emma, avec Noah également, à leur avenir en tant que famille.

Malgré toute la douceur du moment et la confiance que ce dernier engendrait, une remarque teintée d’incertitude sonnait comme une fausse note dans cet hymne à la réconciliation. Excepté toute sa volonté pour préserver la douceur de cette soirée, Dorian ne pu se résoudre à rester silencieux sur un sujet qui lui tenait à coeur. Le sujet du mariage était un fil conducteur qui avait mené le couple à plusieurs étapes, plusieurs obstacles. Désormais, Dorian n’envisageait sa vie qu’avec Emma et Noah à ses côtés, pour former la famille dont il avait toujours rêvé. Le mariage paraissait donc être un passage obligatoire mais surtout naturel. Depuis sa demande, Dorian avait parfois douté, il devait l’avouer, à cause de leur conflit persistant mais maintenant que tout semblait rentrer dans l’ordre, il avait besoin de savoir où en était Emma à ce sujet. Cela ne signifiait pas pour autant qu’il envisageait de brusquer les choses, loin de là.

Alors, il lui suffit d’entendre sa douce voix à laquelle se mêlait une grande sincérité, pour être rassuré. Satisfait, Dorian ne chercha pas à cacher sa réaction et le sourire qu’il arborait n’avait pas cette vocation.
Lorsque Emma prit soin de le faire languir en s’attaquant à son cou, il en oublia immédiatement tout le reste. Sa phrase suivante démontrait qu’elle savait ce qu’elle voulait et comment s’y prendre avec lui. Tendrement, il l’entoura de ses bras et bascula pour se retrouver au dessus. Envoûté par son parfum et son regard aguicheur, il passa une main dans ses cheveux, afin de replacer une mèche brune derrière son oreille, reprenant dominance de son cou, déposant ses lèvres sur chaque millimètre de sa peau voluptueuse et délicieusement parfumée. Ses mains s’introduisirent sous le jean qu’elle portait si bien et, n’y tenant plus, il le lui retira avec une délicatesse saisissante, une douceur infinie. Quant à ses derniers vêtements, ils ne tardèrent pas à subir le même sort. Ses lèvres se reposèrent, ensuite, sur celles d’Emma, s’y attardant le plus longtemps possible. Tout semblait se marier à perfection ; leurs gestes, leurs souffles troublés, leurs deux corps. Il déposa ensuite une pluie de baisers ardents sur son ventre plat qui lui était entièrement exposé, avant de remonter sensuellement le long de son corps flamboyant, laissant une trace de ses lèvres sur chaque infime partie de sa peau tandis que ses mains caressaient son ventre, ses hanches, s’attardant longuement sur ses cuisses. Malgré l’obscurité, Dorian devinait la teinte que prenaient ses yeux, il percevait le sourire au coin de ses lèvres. Puis, n’en pouvant plus, le couple ne forma enfin plus qu’un et ce pour la première fois depuis longtemps.

Après un irrésistible moment d’intimité, Dorian se détacha du corps d’Emma mais, appuyé sur ses avant-bras, il demeura dans la même position, ne se lassant pas de caresser son corps ni de se réfugier dans son cou pour un millième baiser. Ce dernier demeura court, compte tenu de son souffle encore troublé. Puis, après quelques minutes, il se redressa légèrement pour ramener les couvertures vers eux et ainsi envelopper leurs corps humides. Les yeux dans les yeux, le couple demeura ainsi de longues minutes. Un délicieux silence s'installa alors mais ce silence n'était pas pesant, au contraire. Ils n'avaient besoin d'aucun mot pour décrire ce qu'ils venaient de vivre, ce qu'ils ressentaient à cet instant. Tout cet amour, cette sérénité.
Dorian se laissa glisser sur le côté et, s’appuyant sur un coude, il passa un bras autour de sa chérie. Les mots ne lui venaient pas car ils n’en jugeaient aucun assez fort pour être prononcé, aucun ne pourrait reflétait son sentiment. Même le ‘je t’aime’ qu’il lui glissait souvent ne semblait pas suffire.

Après un intense moment d’intimité, leurs corps ne décidèrent pas à se quitter et, ainsi, le couple resta un long moment dans la même position. Cet acte d’amour, si simple, avait permis de gommer tous les derniers événements et de faire de leur bulle d’intimité, la seule chose qui existait. Chacun d’eux se retrouvait submergé par des tas de sensations, certaines oubliées, d’autres nouvelles. Dorian n’avait plus ressenti pareilles sensations depuis trop longtemps et il n’y avait rien de plus gratifiant que de se retrouver dans cet état, pleinement satisfait, sur un petit nuage et en ayant la certitude que l’autre éprouvait exactement les mêmes sentiments.

A présent allongé sur le dos, Dorian reprenait son souffle, apaisant son cœur qui battait. Néanmoins, il ne put rester ainsi bien longuement et ne put s’empêcher d’entourer la jeune femme de ses bras, la blottissant contre son corps. Avec un sourire doucereux, il posa son regard sur ce corps qu’il avait pris quelques minutes plus tôt. Corps qu’il connaissait si bien, depuis la première fois. Il n’avait suffit que d’une seule fois pour qu’ils se comprennent et ressentent qu’ils avaient besoin des mêmes choses, de la même attention. C’était alors la première fois que le jeune homme avait connu une telle sensation. Il pouvait se souvenir en détail de quelle manière il avait apprécié de découvrir le sentiment qui avait envahi chaque parcelle de son corps lorsqu’il avait fait l’amour à la femme qu’il aimait. Bercé par le souvenir de leurs premiers émois, sa respiration devint plus lente, plus reposée et, ne la quittant du regard, il lui prodigua une énième caresse.

Quelques minutes passèrent, dans un silence à la fois agréable et riche en significations. Dorian ne trouvait rien à dire pour la simple et bonne raison qu’il était entièrement comblé. Ainsi, il se débarrassait de son habitude, celle qui consistait à murmurer deux petits mots doux après un pareil moment. Cependant, Dorian n’avait pas besoin de cela pour le lui dire. Emma, quant à elle, ne semblait pas du même avis que lui et le lui fit savoir plus ou moins explicitement. La connaissant, il aurait pu s’y attendre mais il ne voulait rien faire qui puisse écourter ce moment si salvateur. Un sourire rassurant éclaira son visage avant qu’il ne lui répondre, sa main libre continuant à parcourir son corps dénudé.

« Je t’aime plus que tout .. et je suis même prêt à te le prouver une nouvelle fois .. »

Ses yeux clairs ne quittèrent pas son regard et, quelques secondes après avoir prononcé ces quelques mots, Dorian bascula à nouveau sur le corps encore humide de sa chérie. D’un regard plein d’envies, il vint déposer une pluie de baisers le long de son épaule avant d’arriver à son cou. Il connaissait cette partie de son corps pour être une des plus sensibles et il s’en jouait très bien. Prêt de son oreille, il lui murmura encore combien il était amoureux, combien il la trouvait belle. Puis, il vint effleurer ses lèvres, son souffle chaud venant à sa rencontre. Malicieusement, il mordilla doucement sa lèvre inférieure puis glissa sa langue pour l’embrasser avec appétit. Brusquement, il écourta ce baiser et commença à se détacher doucement de leur étreinte, cela en s’aidant de ses avant-bras sur lesquels il s’appuyait.

« .. mais j’oubliais .. ta garde a été longue et fatiguante alors j’attendrais que tu sois de nouveau en forme. »

Ne se cachant absolument pas pour afficher un sourire malin et satisfait, Dorian se laissa retomber à ses côtés, laissant échapper un faux soupir de dépit. Cette dernière remarque était sa petite vengeance à lui. Lorsque le couple se trouvait encore dans le salon, Emma l’avait gentiment taquiné et c’est ainsi qu’il lui rendait la monnaie de sa pièce. Lui-même se rendait compte qu’il n’y allait pas avec le dos de la cuillère mais, malgré tout, il désirait également retrouver leurs provocations, celles qui les menait à se pousser à bout. Toutefois, Emma était suffisamment forte à ce jeu-là pour savoir qu’elle finirait par prendre l’ascendant. Dorian n’avait pratiquement jamais su mener une de ses provocations à son terme, et à vrai dire, il ne l’avait jamais réellement voulu.

Comme si ils revisitaient une période de leur passé commun, les deux protagonistes redécouvraient des sensations oubliées. Ce détail-là paraissait mémorable tant une soirée comme celle que le couple vivait actuellement avait paru impossible, inespéré. D’ailleurs, le couple n’aurait pu trouver mieux pour se retrouver comme il se devait. A l’inverse, ils auraient pu briser la glace et entamer une discussion sérieuse jusqu’à tard dans la nuit. Ils auraient également pu décider de tout reprendre à zéro entre eux et de se donner le temps pour se retrouver et partir sur de nouvelles bases. Le fait qu’ils n’aient pas réalisé cette démarche prouvait que leur amour ne s’était pas perdu ni ne s’était dégradé au cours de leurs disputes. C’était même tout le contraire ce qui paraissait plutôt paradoxal. D’une certaine manière, cela ne devait ni surprendre Emma ni Dorian puisque leur couple avait toujours fonctionné d’une manière spéciale, en dehors des codes, de façon spontanée et à l’opposé de ce que la plupart des autres personnes auraient fait. Cela montrait aussi comment ils parvenaient à se disputer lorsqu’il n’y avait rien de particulier à reprocher et comment ils réussissaient à se réconcilier dans un moment critique, là où beaucoup de couples auraient jeté l’éponge.

Leur mémorable moment d’intimité terminé, Dorian ne semblait pas vouloir en rester là. La remarque d’Emma tomba donc à point nommé pour qu’il puisse la provoquer gentiment et obtenir ce qu’il voulait en introduisant une chose qui les reliait bien et avec laquelle ils aimaient se mener à bout, à savoir leur ‘jeu’.

Amusé, il ne pu s’empêcher de laisser échapper un petit rire satisfait lorsqu’il mit brusquement fin à leur étreinte et que sa chérie paru des plus surprises. Cette fois au moins, il serait parvenu à préserver son effet de surprise jusqu’au bout. Toutefois, la suite ne se passa pas comme il l’avait prédit. A peine avait-il eut le temps de s’allonger de nouveau à ses côtés et de mesurer le résultat de sa provocation, Emma l’attira vers elle et lui répondit sans passer par quatre chemins ce qui eut le mérite de le faire rire. Il adorait entendre cette voix-là, criante de vérité et déterminée à la fois. Dorian était dans le même état que sa chérie, il la désirait une fois de plus et savoir que son jeu s’arrêtait-là l’arrangeait car ils s’évitaient ainsi une douce mais lente torture. Aussitôt, leurs caresses et autres baisers reprirent de plus belle. Ces derniers n’avaient pas perdu de leur caractère et redoublaient même en intensité.
A l’instant où il croisa son regard malicieux, un sourire se dessina sur son visage et il reprit dans le même temps ses baisers le long de son cou, bien que cette fois ils soient espacés. Son souffle devenait plus chaud, plus trouble aussi. Stoppant alors ses caresses, Dorian laissa glisser ses mains le long de ses bras et enserra doucement ses poignets comme pour la tenir prisonnière de son étreinte, prêt à ne former plus qu’un. Un petit cri qu’ils connaissaient par coeur vint troubler leur étreinte. Dorian ne cessa ses baisers que quelques minutes après, laissant Emma se dégager de leur étreinte. Il ne se priva pas pour cacher sa réaction et laisser échapper un soupir frustré. Comme si cela ne suffisait pas, Emma l’embrassa une dernière fois avant de s’éclipser ce qui ne put que le laisser encore plus déçu mais souriant à la remarque de sa chérie.

« Tu crois vraiment que tu peux assurer deux rôles à la fois avec toute cette fatigue ?! »

Allongée sur le dos, il regarda Emma disparaître dans l’encadrement de la porte. Seul, il fixa le plafond de ses yeux clairs et écouta ce qui se passait dans la pièce voisine pendant un temps qui lui parut infini. Lorsque Emma le rejoignit enfin, il se redressa légèrement en s’appuyant sur ses coudes.

« Tout va bien avec Noah ? »

Dorian ne s’était pas déplacé mais le bien-être de son fils était la chose la plus importante à ses yeux. Pas inquiété mais plutôt soucieux, il s’empressa de demander à Emma ce qui se passait. Parfois, cela se transformait en défaut lorsqu’il s’inquiétait pour une chose futile mais c’était un comportement qu’il ne pouvait contrôler. Une fois rassuré, il se laissa retomber contre le matelas doux et moelleux et, retrouvant le sourire, il ajouta une dernière chose.

« On se dit bonne nuit alors .. »

Ainsi stoppé dans leur élan, le couple rompu son étreinte plutôt brusquement. La mine déçue, Dorian laissa sa chérie rejoindre la chambre de leur fils pour savoir de quoi il retournait. Frustré, il resta allongé pendant un temps qui lui sembla interminable, son regard fixé au plafond. Ce laps de temps, plutôt court en réalité, lui permit de faire le point sur les derniers événements. Même si il restait sur sa faim, Dorian affichait un fin sourire. La femme qu’il aimait venait de rejoindre leur fils. Cette image, toute simple en apparence, renfermait bien des significations. Là, dans leur grande maison, l’humeur revenue, le jeune homme était comblé.

Les bruits de pas d’Emma qui se rapprochaient le tirèrent de sa rêverie. D’abord, soucieux de savoir ce qu’il se passait avec Noah, il ne perdit pas une seconde pour le demander puis, une fois rassuré, il parti dans un tout autre registre. Une fois de plus, pour relancer l’état dans lequel ils s’étaient trouvés quelques minutes plus tôt, Dorian feint le jeu de la fatigue. Sur sa lancée précédente, il paraissait réellement sérieux et se frottait les yeux pour ajouter un peu plus de crédibilité à la scène. Emma, quant à elle, semblait demander la même chose que lui-même désirait secrètement. Demeurant silencieux, il laissa sa chérie se réfugier dans son cou et ferma les yeux pour en profiter de la meilleure des façons. Ses mains caressaient son dos, ses hanches, ses cuisses et ne cessaient de se montrer aventureuses. Plus rapidement qu’il ne l’escomptait, Emma stoppa son entreprise et semblait lui laisser le choix quant à la suite à donner à leur soirée déjà bien entamée.
Ne quittant pas son regard, il lui adressa un sourire difficilement interprétable. Puis, ce même regard caressa son corps, s’attardant sur la chemise qu’elle portait, bien trop grande pour elle mais qui la rendait encore plus attirante. Dorian adorait la voir lui piquer ses chemises au lever du jour où ses sweats lorsque, installée sur la terrasse, l’air se rafraîchissait.

« Fatigué ? .. tu oses sous-estimer le grand, beau et fort Dorian Miller ?! »

Le sourire aux lèvres après sa remarque teintée d’autodérision, Dorian se redressa assez pour passer un bras autour de la taille de sa chérie et ainsi basculer sur elle, la couvrant de mille baisers. Pendant de longues minutes, ses lèvres restèrent collées aux siennes jusqu’à ce qu’ils manquent d’oxygène. Son souffle reprit, il déposa un doux baiser sur sa joue avant de descendre vers son cou où il s’attarda longuement puis il descendit vers sa poitrine où chaque baiser était l’occasion d’ouvrir un bouton de sa chemise.

« Comme tu le dis si bien, on devrait finir ce que l’on a commencé. »

Plongeant son regard dans le sien, Dorian s’accorda quelques secondes de repos avant de reprendre ses caresses et de renouer avec leurs baisers. Progressivement, il gagna son oreille dont il mordilla légèrement le lobe et murmura quelques mots tandis que ses mains appliquaient ce qu’il semblait dicter.

« Mais il me semble que tu n’avais pas ça - tous les boutons de la chemise enfin ouvert, il lui retira d’un geste tendre et précis puis il s’attaqua ensuite, avec la même façon de faire, aux sous-vêtements qui lui restaient avant de s’introduire en elle. - ni ça et ça non plus. »

Les secondes se transformèrent en minutes qui elles-mêmes s’accumulèrent jusqu’à un moment d’intensité complètement différent du précédent. Leur respiration définitivement saccadée, le souffle chaud, leurs deux corps finirent de s’unir dans un dernier instant de plaisir. Comme peu avant, Dorian demeura dans la même position mais, cette fois, il n’oublia pas de murmurer ses deux petits mots malgré que sa respiration était encore troublée.

Par deux fois Dorian s’était joué de sa chérie et cela s’était soldé par deux réussites, ce qui méritait d’être souligné (^^). Le rythme de leur soirée repartait donc de plus belle, bercé par l’atmosphère parfaite qui régnait. Leurs incertitudes et leurs doutes n’avaient plus lieu d’être, progressivement chassés par leur bulle d’intimité qui ne cessait de croître en intensité. Leurs pensées obscures s’étaient donc arrêtées au seuil de la porte de leur chambre, cette pièce semblant entièrement réservée à la concrétisation de leur amour.

Leurs comportements étaient désormais débarrassés de tout ce qui avait pu les entraver jusque-là, ils étaient naturels et spontanés. A l’image du couple tout simplement. Ce revirement de situation, qui les avait fait passer du pire au meilleur, avait le mérite de recréer leur complicité en moins de temps qu’il n’en faut pour s’en rendre compte. Ce sentiment de sérénité, si agréable et gratifiant à la fois, mettait Dorian dans une humeur plus que bonne, une humeur dans laquelle il ne s’était pas retrouvé depuis longtemps. Trop longtemps.
Ce petit détail était peut être à l’origine de la crédibilité, jusque-là insoupçonnée, de son jeu d’acteur. L’expression de son visage ne le trahissait pas ni même le ton de sa voix. Il se jouait d’Emma avec une facilité déconcertante mais il ne doutait pas que ce moment serait éphémère. Raison pour laquelle il semblait savourer chacune des secondes qui s’écoulaient tandis qu’Emma croyait à ses propos, à tort.
Consciente d’avoir été induite en erreur, cette dernière entra tout de même dans son jeu, pour son plus grand plaisir. Toutefois, il en oublia presque le cours de leur échange lorsque son regard s’immobilisa sur son corps qui lui était entièrement offert. Aucun mot ne sortait de sa bouche mais ses yeux parlaient pour lui, d’une façon qu’aucun mot n’aurait pu égaler.
Leur échange tourna court lorsque leurs mains se montrèrent plus aventureuses, leurs gestes plus précis, leur souffle plus trouble, leurs lèvres plus proches puis leurs deux corps qui s’unirent d’une façon différente de la dernière fois mais tout aussi intense.

Sans briser leur étreinte, le couple demeura silencieux tandis que leurs souffles encore saccadées se chevauchaient et que leurs regards ne se quittaient plus. Alors qu’il ne s’y attendait pas, Emma exprima ses sentiments les plus profonds, les plus personnels également. Elle lui édictait toutes les choses qu’un homme amoureux rêve et désire entendre. Le sourire aux lèvres, il écouta chacune de ses remarques. Remarques qui ne pouvaient que le toucher, le rendre plus réceptif que jamais. Silencieux pendant une poignée de secondes, il passa ensuite une main sur sa joue et se rapprocha de quelques millimètres pour l’embrasser amoureusement.
Mais, l’instant d’après, Dorian semblait avoir une autre idée en tête. A son tour, il aurait pu choisir de lui énumérer tout ce qu’il appréciait dans leurs moments d’intimité mais cela ce serait probablement transformé en un long monologue. En ne choisissant pas d’agir ainsi, il ne doutait pas qu’Emma comprendrait et ne douterait pas de ses propres sentiments. Leur soirée pouvait prendre un nouveau tournant mais, plus attiré par leurs chamailleries, Dorian préféra continuer dans cette voie. D’autant plus que leur petit jeu lui souriait désormais.
Alors, affichant un air surpris, il adressa un regard interrogateur à Emma, comme si il attendait qu’elle poursuive. Puis, faussement interloqué, il se redressa légèrement et compléta ce qui manquait selon lui.

« Et .. ? C’est tout ?! Alors je ne t’inspire rien de plus ?! Donc, tu n’aimes pas quand je t’embrasse langoureusement, amoureusement et tendrement dans le cou, quand je te dis que je suis fou amoureux de toi et .. à quoi bon continuer si, de toute façon, je ne suis pas IRRESISTIBLE .. »

Affichant une mine déçue, presque vexée, Dorian se détacha de leur étreinte pour s’installer sur le dos, les bras croisés sur son torse en signe de fausse protestation. Comme si cela ne suffisait pas, il soupira longuement avant de retrouver le regard d’Emma.