Pause [PV Rob]

La remarque que la jeune femme lui fit le fit sourire. Etait-ce un surnom qui lui avait été attribué, à savoir "le nouveau" ? Celà ne le dérangeait pas, au contraire, des surnoms il en avait eu durant sa jeunesse, certains pas très appréciables même. Il regarda la jeune femme et lui dit en souriant :

" C'est effectivement moi Le nouveau , mais si tu veux tu peux aussi m'appeler Rob, c'est comme ça que l'on me surnomme "

Il s'assit à ses côtés, les jambes tendues à terre, la tête contre le mur. Il regardait le plafond et pensait à sa barre de chocolat qu'il avait laissée dans son casier, enfin qu'il avait oublié. Il tourna sa tête vers la jeune femme et lui demanda :

" Et toi c'est ? "

Toujours assis, Rob regardait de temps à autre les gens qui passaient rapidement dans les couloirs, qui semblaient très pressés et qui ne portaient aucune attention aux deux personnes assises par terre. La jeune femme paraissait aussi perdue que Rob l'était, elle lui demanda s'il connaissait beaucoup de personnes

" Bah en fait, j'ai pu parler avec quelques personnes, et je les connais de vue, autrement pour la plupart ce ne sont encore que des inconnus pour moi et j'en suis de même pour eux. j'espère seulement que cet état sera temporaire et que je ne serai pas éternellement l'inconnu "

Il souria à la jeune femme et lui demanda

" Et toi tu connais beaucoup de personnes au sein de l'hopital ?"

Apparemment Veronica ne s'entendait pas très bien avec le reste du personnel, même pire, ils semblaient se haïr mutuellement. Elle ne connaissait pas vraiment grand monde, même si celà faisait un certain temps qu'elle avait intégré le Seattle Grace Hospital. Rob lui aussi ne connaissait pas grand monde, mais c'était dû au fait qu'il venait tout juste d'arriver. Au fond de lui il espérait vraiment apprendre à connaître le personnel de l'hopital dont il avait eu un a priori plutôt positif. il regarda la jeune femme et lui demanda :

" Mais comment celà se fait que tu ne t'entende pas bien avec les autres membres de l'hôpital , parce que moi, j'ai parlé avec quelques personnes et elle me paraissent vraiment sympa ... non ? "

Rob compatissait avec la jeune femme et savait parfaitement que c'était une situation difficile à vivre. Il l'avait vécu notamment durant sa jeunesse où il était sans cesse mis à part par ses camarades de classe qui lui reprochaient d'avoir une mère " alcoolo et nympho ". Bien sûr, ce n'était pas la même douleur sentimentale, mais la marginalisation était commune aux deux cas.

La jeune femme lui avoua alors qu'elle était plutôt dure avec les gens, presque froide. Rob la comprenait tout à fait. Depuis qu'il avait entamé ses études de psychologie, il parvenait à comprendre à peu près tout le monde. Il voyait que cette situation était difficile pour la jeune femme et que ce n'était pas ce qu'elle cherchait. Rob aurait bien voulu l'aider, mais ne voulait toutefois pas apparaître comme un moralisateur. Il la regarda en lui souriant :

" Mais tu sais, tu peux t'améliorer ... enfin je veux dire que je peux t'aider pour faire en sorte que tu n'ais plus cette carapace ... tu sais durant mes études de psycho j'ai étudié des cas divers et variés et je sais comment faire pour que tu ne sois plus autant renfermée ... "

Rob avait déjà vu, dans le passé, un cas similaire, plus prononcé même : un jeune femme qui ne parlait à personne, était totalement introvertie. Il avait étudié celà avec un de ses professeurs très compétent et avait pu aider cette jeune femme. Rien n'était destiné d'avance ...

Ce que Veronica aimait, c'était le côté inprévu de son métier. Chaque jour de travail était différent l'un de l'autre ; c'était ce qu'elle aimait dans sa travail. tout comme Rob elle cherchait à éviter une certaine routine, parfois pesante. Rob apprit qu'elle travaillait aux urgences. C'était un poste plutôt difficile, qui demandait une vigilance constante et un travail minutieux et acharné :

" Oui je suis interne en psychologie " répondit Rob à la question de la jeune femme, tout en souriant.

Il remarquait que peu à peu la jeune femme se dévoilait. Sa technique pour faire disparaitre cette carapace persistante semblait fonctionner. Il fallait établir une relation de confiance pour parvenir à avoir une relation privilégiée avec une autre personne. C'était seulement comme celà qu'il parviendrait à mieux la connaitre et par conséquent à mieux l'aider.

" sinon je voulais savoir est-ce que tu as peur de parler avec les autres ou bien est-ce que simplement tu n'en as pas envie ... parce que s'il s'agit de peur , cela serait du à un manque de confiance ... "

Rob commençait à voir où était le problème, enfin il pensait savoir où il était. Elle était en fait animée par une certaine exaspération des hommes en général. C'était une position assez difficile, que Rob avait connu durant son enfance. En effet, durant une certaine période, il détestait toutes les personnes qu'il cotoyait, et ne pouvait compter que sur lui même. Cette sensation étrange que ressentait Véronica , Rob l'avait lui même connue, et il savait quoi faire pour la surpasser :

" Tu sais, quand j'étais plus jeune j'étais comme ça aussi, je ne vais pas rentrer dans les détails, mais il a fallu que je prenne sur moi et que je fasse la part des choses ... ça ne vient pas tout seul, certes, mais à forces d'efforts et de persévérance, j'ai pu réussir à surmonter celà ... Je pense en fait, que tu as une vision assez pessimiste de l'humain en général .. comme si tout le monde te voulait du mal ... il faut donc que tu dépasses celà et que tu remarque qu'il y a des gens qui te veulent du bien ... Tu comprends ? "

Rob tentait de la rassurer. Il lui souriait de temps à autre. Sourire qui laissait entrevoir ses dents blanches alignées les unes aux autres. Rob savait que le travail qu'elle allait devoir fournir serait difficile et qu'une aide morale lui serait indispensable pour qu'elle y arrive. Lui, allait être là pour l'aider.

Ce que la jeune femme dit à Rob lui fit, de toute évidence, vraiment plaisir. Ce dernier n'était pas vraiment habitué à ce genre de compliments de flatteries. Autrefois, il avait seulement eu le droit aux surnoms de " bon à rien " ou d'incapable. il rougit donc à la remarque faite par Veronica et ne sut pas vraiment quoi dire. Il lui esquissa un timide sourire et glissa et un " merci beaucoup " à la jeune femme :

" ça me fait vraiment plaisir tu sais ... et puis c'est quand même mon travail d'aider les gens non ? " demanda t-il en souriant, remonté par cette agréable remarque.

A vrai dire, chaque jour, Rob aidait des personnes et jamais personne ne prenait le temps de vraiment le remercier pour ce qu'il avait accompli. Mais Rob était habitué à celà et n'y faisait plus vraiment attention. A présent il cherchait simplement à bien faire son travail et ne cherchait plus à obtenir quelconques remerciements et autres louanges.

" Et puis ça me fait encore plus plaisir d'aider quelqu'un de reconnaissant " dit-il à la jeune femme tout en lui souriant

Rob était véritablement ravi par les dires de la jeune femme. Apparemment la jeune femme l'appréciait pour l'aide qu'il allait lui apporter. Rob était content d'être apprécié par quelqu'un, mais était surtout ravi de pouvoir l'aider. Rob se leva, ses jambes étaient toutes engourdies et ne les sentaient presque plus à force d'être resté jambes croisées. Il aida la jeune femme à se lever également et lui proposa gentiment :

" ça te dit qu'on aille marcher un peu parce que là j'ai mal aux jambes à force de rester à terre ? "

Rob épousseta sa blouse blanche, salie par le sol poussiéreux de l'hôpital et commença à marcher. Il regarda la jeune femme et lui demanda

" Sinon, tu habites dans quel coin ? "

La jeune femme décida de le suivre. Tous deux commencèrent à marcher dans les couloirs, vastes et immenses. Rob ne savait pas exactement où ils allaient. Depuis qu'il était arrivé au Seattle Grace Hospital, il n'avait pas encore eu l'occasion de visiter de fond en comble les locaux. Chaque jour lui permettait donc de découvrir de nouvelles choses et de nouveaux horizions, certes moins agréables qu'un voyage en terre inconnue.

Rob apprit alors que Veronica habitait sur Aurora Avenue. Parmi tous les gens qu'il avait pu rencontrer , personne n'habitait dans le même coin que lui. Bien sûr celà ne changeait en rien sa façon de vivre, mais il aurait bien aimé avoir quelqu'un qu'il connaisse qui habite à proximité de chez lui. Il regarda la jeune femme et lui dit en souriant

" Moi j'habite actuellement sur Mercer Street, j'ai réussi à me trouver un appartement pas trop cher que je peux louer. Mais dès que j'aurai un peu plus d'argent, je compte bien devenir propriétaire de mon propre appartement ! "

Comme de nombreuses personnes, Veronica rêvait d'acquérir une belle et grande maison. Même si cela ne lui aurait pas déplu, ce n'était pas vraiment le rêve de Rob. Ce dernier pensait avant tout aux inconvénients d'une grande maison. A quoi cela lui aurait-il servi de posséder une gigantesque maison pour n'y passer que six heures pas jour, qui plus est pour dormir ... Un appartement lui suffisait amplement pour le moment, peut être qu'à l'avenir il s'acheterait un appartement plus vaste, mais pour le moment, ce qu'il possédait lui convenait totalement. Les deux jeunes gens continuèrent à marcher dans les interminables couloirs de l'hôpital, qui à certains moments pouvaient évoquer les couloirs des prisons, ternes et livides. La jeune femme lui demanda ensuite où habitait-il avant qu'il ne vienne à Seattle. C'était, pour Rob, un sujet assez difficile à évoquer, qui lui remémorait son passé douloureux, mais puisqu'elle lui avait demandé, il se devait de lui répondre :

" A vrai dire, c'est assez compliqué ... puisque j'ai beaucoup déménagé avant d'arriver à Seattle ... avant, j'étais à New York ... mais en réalité je suis originaire du Michigan et cela peu de gens le savent ... "

C'était une réalité dure à exprimer ... il ne pouvait s'empêcher de penser à son passé définitivement enfoui, à ses parents décédés, à son frère dont il n'avait plus aucune nouvelle et à sa famille , quasi inconnue pour lui. Rob de temps à autre se demandait pourquoi n'avait-il pas eu le droit d'avoir une famille normale comme tout le monde, pourquoi était-il né dans une famille désunie, qui ne l'avait jamais soutenu ... Rob était toutefois content d'avoir pu recommencer une nouvelle vie, de repartir à zéro comme on dit. Peu de personnes connaissaient son passé, peu de personnes connaissaient les souffrances qu'il avait du endurer étant jeune et il préférait qu'il en soit ainsi, ce qui lui permettait d'éviter de ressasser sans cesse le douloureux passé. Rob regarda à nuveau la jeune femme et lui demanda :

" Et toi tu as toujours été de Seattle ? "

Les questions de Veronica dérangeaient Rob, mais ce dernier ne pouvait en vouloir à la jeune femme, car elle ne connaissait ni son passé, ni ce qu'il avait vécu. En revanche, si elle avait été au courant de la situation de Rob et qu'elle s'était permis de poser ce genre de questions, Rob n'aurait aucune hésité à lui en vouloir. Rob ne supportait pas les personnes qui faisaient exprès de lui poser des questions concernant son passé, vraiment difficile à évoquer. Non sans difficultés, il décida de lui répondre :

" En fait, lorsque j'étais dans le Michigan, je devais m'occuper de ma mère , qui était vraiment malade ... enfin pour être franc, elle était alcoolique et ne pouvait plus rien faire toute seule ... Je devais sans cesse m'occuper d'elle, et je n'avais personne sur qui compter ... Tu vois, mon père est décédé quand j'étais jeune et mon frère aîné et parti pour faire des études ... et je n'ai jamais eu aucune nouvelle de lui ... J'ai passé mon enfance à m'occuper d'elle, et il ne me reste vraiment aucun souvenir positif de cette vie passée. C'est pour ça que je souhaite l'enterrer et ne plus en parler et c'est pour cela que j'ai décidé de déménager, histoire de tout recommencer à zéro. "

Même si cela avait été difficile pour Rob de révéler tout cela à une jeune femme qui lui était il y a encore quelques minutes inconnue, cela lui avait fait un grand bien. Il avait enfin pu exprimer ses souffrances, ces choses qui le tracassaient depuis tant d'années. Lui qui, dans son travail, devait s'occuper de patients, n'avait jamais pris le temps de s'auto-soigner. Au contraire, il s'était totalement négligé, et avait sans cesse remis au lendemain cette lourde tâche. Rob était quand même content d'avoir pu raconter cette histoire , qu'il avait momentanement enfoui. Comme l'avait démontré Freud des décennies auparavant, la cure par la parole était réellement efficace. Veronica, à son tour exposa les motifs qui l'ont poussés à venir s'installer à Seattle :

" Et tu comptes la rencontrer ta mère adoptive , ou bien y réflechis-tu encore ? " demanda -t-il poliment. C'était un sujet assez délicat à aborder ; ce fut donc pour cela que Rob posa sa question avec tact.