Touch me i'm going to .. • Free

Simplement pour avoir un semblant de vie normale au moins une fois dans la semaine, Dorian avait décidé de sacrifier ce qui avait été longuement planifié comme étant une grasse matinée pour le remplacer par une douce immersion dans le monde civilisé. Quoi de mieux qu’une solution aussi radicale pour en finir avec les aller-retour entre la couette et le scalpel ? Avide de changement depuis qu’il se sentait à l’écart de la civilisation à l’état pur, Dorian n’avait pas hésité plus d’une seconde avant de régler son réveil à une heure relativement avancée. Cette décision s’apparentait malgré tout à une forme de torture au vu de toutes les fois où il avait dû se lever aux aurores pour aller travailler. En cette froide matinée, il était désormais trop tard pour faire marche arrière. Certes la tentation de rester sous la couette était grande mais celle de pointer le bout de son nez à l’extérieur l’était d’autant plus. Cela faisait une éternité qu’il ne s’était pas accordé un peu de temps pour se balader, le plus simplement du monde. Ces derniers temps, il jonglait entre mille et une choses et n’accordait plus aucune attention au reste à tel point qu’il vivait presque coupé du monde. Commençant alors par émerger doucement, Dorian se leva tant bien que mal et se dirigea directement vers sa penderie. Cela faisait un bout de temps qu’il n’avait pas fait de sport - si ce n’est courir d’un brancard à un autre ou bien d’un service à un autre - et il n’y avait de meilleur remède pour se débarrasser l’esprit. Ce n’est qu’au moment d’ouvrir la porte de l’immeuble que Dorian eut la mauvaise surprise de découvrir que durant tout ce temps passé entre ici et l’hôpital, une saison était passée. Autrement dit, le thermomètre avait atteint un niveau critique. Sans plus s’apitoyer sur son sort, Dorian partit tout de même faire son jogging pendant environ une demi-heure avant de revenir à grande enjambée pour une douche brûlante et bien méritée. Cela fait, le jeune homme ne tarda pas plus longtemps à son appartement et partit à la recherche d’un coin pas mal fréquenté où il pourrait aisément commander un petit-déjeuner. Après une petite marche, il se retrouva devant le Coffee Royal qui semblait déjà bien remplie pour une heure pareille. Une fois à l’intérieur, Dorian se dirigea directement vers le comptoir sans trop regarder si oui ou non se trouvaient des visages familiers.

Depuis qu’il était rentré dans le Coffee Royal, Dorian avait eu le temps de lire une bonne dizaine de fois la pancarte qui, placée au dessus des serveurs, présentait tous les produits, du café italien aux muffins anglais. La file d’attente était tellement longue et les clients tellement lent à se décider que ça n’en finissait pas. Néanmoins, Dorian prenait son mal en patience et ne bronchait pas contrairement à d’autres clients qui commençaient sérieusement à s’énerver.
Les bras croisés contre son torse, il profita du temps d’attente pour embrasser la grande salle d’un regard circulaire. De toute évidence, aucune de ses connaissances n’étaient présentes ce qui pouvait s’expliquer par l’heure qu’il était. En règle générale, on pouvait trouver beaucoup de personnes travaillant au SGH. C’était un peu comme le Emerald City Bar, un lieu incontournable et un passage obligé.
Alors qu’il ne restait plus qu’une personne entre lui et le comptoir, cette dernière eut la malchance de déverser le contenu de son portefeuille au sol. Une pluie de pièces frappant le sol débuta avant de laisser place à la grogne des autres clients pour qui l’attente s’allongeait encore un peu. Le jeune homme devant lui regroupa rapidement toute sa monnaie tout en s’excusant auprès des clients. Dorian ne pouvait s’empêcher de sourire en le voyant aussi désolé. Ensuite, il pu enfin passer sa commande et la place se libéra pour Dorian qui commanda un chocolat chaud et un muffin. En s’avançant vers le comptoir, il buta contre quelques pièces de monnaie qui finirent leur course un peu plus loin devant lui. Naturellement, il se baissa pour les ramasser, et sa commande à présent en main, il ramena la monnaie à son propriétaire.

« Tenez vous avez oublié ça. »

Sa commande dans les mains, il ne restait plus à Dorian que trouver une place dans cette grande salle déjà bondée. Toutes les tables près du comptoir étaient prises mais avant de chercher ailleurs, il devait rendre la monnaie au jeune homme qui se trouvait devant lui peu avant. Cette tâche s’avéra difficile puisque Dorian devait se frayer un chemin à travers la foule et repérer un visage qu’il n’avait pas réellement eut le temps d’enregistrer. Peu sûr de lui, il finit pas s’avancer vers une personne seule qui semblait bien être celle qu’il cherchait. En tout cas, il espérait vivement ne pas se tromper sinon il voyait déjà sa réaction.
De son regard interrogateur, Dorian lui rendit sa monnaie tout en se demandant si tout allait bien. En effet, son interlocuteur semblait ailleurs, du moins il ne lui semblait pas avoir compris ce que faisait Dorian avant qu’il ne lui rende ses quelques pièces de monnaie.

« De rien. Oh ça arrive à tout le monde .. mais c’est vraiment désagréable quand ça nous arrive dans ces moments-là ! »

Le sourire au coin des lèvres, Dorian porta son regard sur la longue file d’attente pour appuyer ses propos. Ce petit incident n’aurait pas pu arriver à un plus mauvais moment. C’est toujours comme ça, lorsqu’il y a du monde qu’on devient maladroit ou qu’on commence à gaffer.
Lorsque son interlocuteur lui parla de nouveau, Dorian se retourna et lui sourit une fois encore.

« Merci .. hum, ça vous dérange si je m’assois ici ? Les tables sont prises et j’ai peur de ne pas trouver d’autres places. »

Dans l’atmosphère accueillante et confortable du Coffee Royal, les deux hommes engagèrent la conversation plutôt facilement, haussant parfois la voix pour se faire entendre, la foule présente produisant un tel brouhaha. Le plus simplement du monde, Dorian rendit la monnaie à son propriétaire et la discussion débuta à cet instant. Son interlocuteur ne semblait pas être venu avec quelqu’un et, le début de discussion le satisfaisant assez, Dorian lui demanda si il pouvait rester là le temps de prendre son petit-déjeuner. Affichant toujours son immuable sourire, il finit par prendre place face à son interlocuteur et posa le contenu de sa commande sur la table. Cela fait, il en profita pour se débarrasser de son manteau et de son écharpe tant la chaleur devenait étouffante.

« Oui d’ailleurs c’est étonnant, d’habitude il n’y a pas autant de monde à cette heure-ci mais .. les choses ont dû changer depuis le temps ! »

La foule était tellement compacte qu’elle donnait l’impression que tous les clients mangeaient et buvaient côte à côte, partageant la même table. A nouveau, Dorian parcourut la salle de son regard curieux. L’endroit avait tellement changé qu’il lui paraissait désormais inconnu, lui donnant l’impression de se trouver dans un tout autre lieu. Puis, affichant brusquement une moue presque désolé, il se tourna à nouveau vers son interlocuteur et lui tendit la main tout en se présentant.

« Oh je ne me suis même pas présenté, Dorian Miller. »

Ainsi amusé par le fait de pouvoir se remémorer un tas de vieux souvenirs dans ce lieu qu’il avait pourtant visité mille et une fois, Dorian redécouvrait avec plaisir ses premières impressions. Son premier diplôme en poche, il se souvenait d’avoir visité les Etats-Unis sans presque s’arrêter tant il souhaitait voir plein de choses en peu de temps. Il savait qu’après il n’aurait plus vraiment le temps vu la charge de travail qu’incluait des études en médecine. Avec rien qu’un sac à dos, il était parti de Chicago pour traverser le pays d’Est en Ouest en suivant la mythique route 66 jusqu’en Californie. Ce fut donc au cours de cette traversée que le jeune étudiant eut l’opportunité de faire des tas de connaissances et d’être toujours plus agréablement surpris par leur entrain. Il appréciait ses discussions qui pouvaient laisser penser que les interlocuteurs se connaissaient depuis des lustres.
Un large sourire éclairant son visage, Dorian resta quelques secondes de plus à revisiter ses souvenirs-là avant de se concentrer sur la discussion en cours. Les muffins. Toute une histoire ! Pour dire qu’ils étaient les meilleurs de tout Seattle, Dorian avait dû flâner dans tous les coins pour en goûter d’autres et, gourmand comme il était, cela n’avait pas posé problème. Hochant donc la tête avec vivacité, Dorian termina son muffin puis bu une nouvelle gorgée de chocolat chaud.

« C’est peut être pour ça qu’il y a autant de monde .. ça ne m’étonnerait pas que tous ces gens traversent toute le ville pour goûter à ça ! »

Taisuke était déjà venu dans cet endroit mais pas au point d’être un habitué. Dorian, lui, ne l’avait jamais aperçu mais, après tout, il ne pouvait pas connaître tout le monde. Taisuke lui retourna d’ailleurs la question. Il avait visé juste, Dorian était bien un ancien habitué qui faisait un petit come-back. D’abord, son travail lui prenait beaucoup de temps et ce depuis le début. Ensuite, une certaine Emma était apparue dans sa vie, ce qu’il l’avait coupé de ses habitudes pour pouvoir passer un maximum de temps à ses côtés. Puis, depuis plus récemment, son fils était venu au monde et avait finit de changer les habitudes de son père. Dorian revenait donc dans ce lieu presque par hasard. Il s’éloignait rarement de sa famille, tout était nouveau et tellement agréable à vivre qu’il ne voulait pas en louper une seule seconde.

« C’est exactement ça ! Je n’aurai pas dit mieux ! »

Maintenant qu’il avait quitté son appartement pour s’installer à l’écart du centre-ville, Dorian savait exactement ce que cela signifiait lorsqu’il mettait en avant la qualité inégalable des muffins et le fait que certains traversaient le tout Seattle pour venir dans cet endroit unique. Cela car lui-même en faisait partie. Certaines de ses habitudes n’avaient donc pas changé bien qu’elles se soient faites plus rares. Ce qui, à bien y réfléchir, n’était pas plus mal car lesdites habitudes se faisaient plus savoureuses.
Là, en l’espace d’une matinée, Dorian avait tout loisir de se remettre au sport et de revenir dans cet endroit si appréciable. Comble de l’ironie, il prenait son courage à deux mains pour courir sous un froid presque glacial mais il finissait par se mettre au chaud pour manger. De toute évidence, sa course matinale ne lui serait pas bénéfique sur le plan physique mais, au moins, il aurait la présence d’esprit de ne pas sortir en short et T-shirt sous un froid pareil la prochaine fois. Si prochaine fois il y avait puisque les courbatures l’attendaient probablement pour le lendemain. Préférant ne pas y penser, Dorian garda le sourire et mangea la dernière bouchée de son muffin.
Chacun y pensait d’une manière ou d’une autre car leur discussion se recentra sur leurs habitudes respectives. Au moins, c’était un sujet qui avait le mérite de les intéresser mutuellement. Puis, il leur permettait de mieux se connaître.
A la question de son interlocuteur, le sourire de Dorian s’élargit lorsqu’il se remémora tous les endroits par lesquels il était passé avant de se poser définitivement à Seattle. En d’autres termes, il avait sillonné les Etats Unis en long, en large et en travers avant de finir par être lassé. Il avait suivit le même schéma que le personnage mythique de Jack Kerouak en quelque sorte.

« Non, en fait j’ai fais pas mal de chemin avant de me poser ici. Je suis originaire de Londres et mes études m’ont amené à New-York .. de là, tu connais la musique, je suis allé un peu partout avant de choisir LE lieu ! »

Dorian ne doutait pas que Kaisuke comprendrait ce qu’il voulait réellement dire. Ils étaient nombreux à beaucoup voyager avant de se décider à rester quelque part et, à en juger par ses premières impressions, Dorian imaginait que sa nouvelle connaissance avait suivit un parcours similaire.

Un café pas bien grand, une foule innombrable à en faire reculer plus d’un et il n’en faut pas plus pour qu’une longue discussion s’installe entre deux inconnus totalement à leur aise. Le sujet touchait aux voyages, une chose que tous deux semblaient connaître en détail. D’ailleurs, chacun pourrait probablement tirer un récit de toutes ces expériences mais ce serait prendre le risque d’ennuyer une personne encore inconnue.
Par une question tout à fait anodine, Taisuke eut le mérite de poser une sacrée colle à Dorian. Effectivement, il était incapable de justifier son choix pour Seattle. Beaucoup de choses lui plaisaient certes mais, au bout du compte, il pouvait les retrouver dans n’importe quelle ville des Etats Unis. Toujours souriant mais incapable de commencer le moindre bout de phrase parce qu’aucun argument ne lui venait en tête, Dorian semblait se perdre dans ses souvenirs. Son arrivée à Seattle s’était faite sur le tard. Il avait déjà fait son internat, en Californie, et il sillonnait le pays sans trop s’investir dans la recherche d’un job. Suivre ses amis et faire la fête lui prenait déjà tout son temps et se plonger dans la vie active trop vite ne l’attirait pas des masses. Cette ville l’avait séduit, comme d’autres avant. En réalité, il était bien incapable de trouver une bonne raison à ce choix. Quelques instants après, Taisuke vint à son aide en ajoutant que, finalement, c’était bien trop personnel et qu’il n’avait pas à lui répondre. Le faire ne l’aurait pourtant pas déranger si il avait eu quelque chose à dire. Pour cela au moins il trouva ses mots.

« Non non pas du tout .. tu peux me poser la question mais tu risques de n’obtenir aucune réponse parce que je suis incapable de la trouver moi-même ! Si je la trouve je te tiens au courant ! »

Le sourire toujours scotché à ses lèvres, Dorian bu les dernières gorgées de son verre. Autour d’eux, la salle se vidait petit à petit, certains partaient au travail tandis que d’autres allaient attaquer la dernière ligne droite pour trouver des cadeaux de Noël. La neige était au rendez-vous depuis quelques minutes, ce qui n’allait pas arranger les affaires de tout le monde.
Sans quitter la catégorie voyage, Taisuke s’arrêta sur Londres au plus grand plaisir de son interlocuteur. C’était un réel plaisir que de parler de sa ville natale, surtout situé à des milliers de kilomètres de cette dernière.

« Ca ne m’étonne pas, Londres c’est une ville qui marque .. et totalement à part, comme Paris, New York. J’aimerais aussi y retourner mais faut avoir du temps devant soi ! Tu y es allé il y a quelques années alors ? »

La conversation allait bon train entre les deux jeunes gens. Même si ils se connaissaient vaguement depuis peu, ils arrivaient à parler d’un sujet plutôt personnel, celui des voyages. De toute évidence, chacun d’eux avait une grande expérience de ces derniers et ils pourraient, sans conteste, en parler pendant des heures et des heures.
Pour sa part, Dorian était tout simplement incapable d’expliquer pourquoi il avait choisi de s’installer à Seattle plutôt que dans une autre ville. Taisuke lui avait donc posé une vraie colle ! Ca ne servait d’ailleurs à rien de pousser plus loin la réflexion car Dorian ne pensait pas trouver de réponse correcte. Il ne se souvenait même pas du jour où il avait pris la décision de faire sa vie à Seattle, ni quel sentiment l’y avait entraîné. C’était plutôt une question d’instinct, mais aussi le fait de vouloir se poser et de commencer une vie normale après avoir sillonné un pays dans tous les sens jusqu’à le connaître par coeur.
Le sourire scotché à ses lèvres face à ses souvenirs encore bien ancrés dans sa mémoire, Dorian attendait maintenant une réponse de la part de son interlocuteur. Bizarrement, il ne savait pas si son boulot prenait présentement le pas sur lui ou si justement il y pensait trop mais, là, il ne pouvait s’empêcher de penser que quelque chose n’allait pas. Ce n’était peut être pas le cas après tout mais il lui était impossible de se débarrasser de cette impression. Silencieux, Taisuke ne semblait pas en pleine forme mais ce serait bien trop indiscret que de lui poser la question. Essayant d’oublier cette impression sûrement faussée par trop de temps passé entre les murs de l’hôpital, Dorian finit par retrouver un sourire naturel lorsque Taisuke reprit la parole. Ce dernier avait énormément voyagé, c’était le moins qu’on puisse dire ! Dorian était surpris, il ne s’attendait pas à s’entendre énumérer toutes ces villes.

« Effectivement les voyages ça te connaît ! Ça à du être passionnant de découvrir chacune de ces villes ! »

Il pensait avoir beaucoup voyagé mais, en fin de compte, ce n’était pas le cas. Il n’avait pas fait un huitième de ce que Taisuke avait fait et il était totalement admiratif. Preuve qu’il avait encore la fibre des voyages en lui. Aujourd’hui cependant, ce serait plus délicat pour partir mais, avec le temps, ce serait probablement moins compliqué. Noah était bien trop petit, quant à Emma et lui, leur emploi du temps était bien trop chargé.
Affichant un grand sourire d’enfant, Dorian tourna la tête vers la fenêtre pour regarder la neige tomber. Taisuke venait de s’en apercevoir et la rue qui jouxtait le café était déjà recouverte d’une fine couche blanche. Depuis tout petit, Dorian adorait la neige et il ne se lassait pas de la voir tomber. Qui plus est à une période comme celle-ci, au moment des fêtes, où la neige se fait généralement désirer.

« Great ça va être une très bonne journée je sens ! »

Tout en croisant le regard de son voisin de tablée, son impression refit immédiatement surface. Quitte à se faire remettre les idées en place pour une question qui ne serait peut être pas bien accueillie, Dorian préféra en avoir le coeur net.

« Excuse moi de te demander ça mais .. tout va bien ? »

Le fait d’évoquer de tels souvenirs, toujours aussi forts, lui donnait presque envie de recommencer. Cependant, beaucoup de choses avaient changé depuis la dernière fois que Dorian avait fait son sac et il ne pouvait plus se permettre de partir sur un coup de tête. D’abord, il avait obtenu un bon poste au SGH où il s’était rapidement et facilement intégré, ensuite une rencontre hors du commun avait changé le reste de sa vie d’une manière qu’il n’aurait jamais imaginé, même dans ses rêves les plus fous. Dorian n’était pas seulement un médecin qui ne pouvait plus trop se permettre ce genre de fantaisie - partir ainsi à l’aventure sur une idée spontanée - mais il était également père de famille et rien que ce statut là suffisait à expliquer le reste. Les voyages faisaient bel et bien partie du passé et il en était nostalgique seulement maintenant. Effectivement, il n’y pensait pas en temps normal, non parce qu’il était trop occupé mais simplement l’envie n’était plus là. Pourtant, en ce début de matinée, l’envie semblait renaître de ses cendres après quelques années d’inactivité. Dorian pensait que cela s’estomperait dès qu’il quitterait le café. Pour cause, il avait autre chose à penser aujourd’hui. Les fêtes approchaient à grand pas et il avait zéro cadeau au compteur. Cette journée de libre était donc l’occasion de se rattraper, raison pour laquelle il n’allait pas s’attarder trop longtemps au café même si le fait d’être au chaud était un solide argument pour y rester.
Entre Taisuke et lui, la discussion centrée sur les voyages semblait ne pas avoir de fin. Il ne s’en plaignait pas, loin de là, c’était plutôt plaisant que de se plonger dans ces souvenirs-là. Pour son interlocuteur, c’était son travail qui lui avait apparemment permis de voyager autant. Une chance rare, chose que Dorian ne manqua pas de souligner.

« Quelle chance ! Tu as dû faire des envieux ! »

Le neige faisant son apparition, la discussion ralentie le rythme pendant que les deux protagonistes regardaient au dehors. Il neigeait presque tous les jours désormais mais, à chaque fois, c’était un spectacle que l’on regardait inlassablement, avec les mêmes yeux émerveillés. Seule ombre au tableau, la curiosité de Dorian vint refroidir l’ambiance entre les deux hommes. Ce dernier pouvait s’y attendre, ce n’était pas très subtil que de poser une telle question à quelqu’un que l’on connaît pas ou très peu. Aussitôt, il afficha une moue d’excuse et chercha à se justifier plutôt que laisser tomber sa question et laisser Taisuke dans l’incompréhension la plus totale.

« Non rien excuses-moi, c’est mon boulot qui me monte à la tête. »

Essayant tant bien que mal de paraître naturel, d’afficher un sourire poli, Dorian trouvait cet exercice plutôt difficile. Conscient qu’il venait de jeter un froid dans la conversation, rien ne lui vint cependant en tête pour la relancer. Il constata seulement que chacun d’eux avait terminé sa commande et que l’heure tournait pendant ce temps. Le moment était probablement venu de se dire aurevoir poliment et de se dire à une possible prochaine fois.