Petit Repos (pv qui veut)

Complètement absorbée par ses problèmes et la tristesse qu'elle éprouvait envers cette famille qui venait d'être déchirée en partie par sa faute, la jeune femme n'avait pas prêté attention au reste de la pièce. Elle savait pourtant que très fréquemment ces chambres étaient occupées... pour de bonnes ou mauvaises raisons, mais cela est un autre sujet. Elle savait qu'elle n'était pas la seule pour qui cette masse de travail était oppressante, pesante, qu'elle n'était pas la seule à perdre des patients, peu importe leur âge, qu'elle n'était pas la seule à être ou avoir été attaquée en justice... mais à ce moment précis, elle se sentait plus seule que jamais. C'est donc pourquoi elle sursauta légèrement en entendant quelqu'un bouger sur le lit en face du sien? Elle n'aurait su dire lequel de prime abord. Rpaidement, elle essuya ses larmes du revers de sa main. Elle n'aimait pas se montrer vulnérable, surtout face à des inconnus, elle l'avait assez été de part le passé et elle s'était promis que ça ne se reproduirait plus. Apparemment elle s'était trompée. Elle se retourna dans la direction du bruit qu'elle venait d'entendre... au son de la voix, il s'agissait probablement d'un homme, mais elle ne le reconnut pas, un nouveau peut-être. Lui parler lui changerait peut-être les idées... lui pouvait sûrement comprendre son état

"Atroce!!" *soupir*

Elle esquissa un sourire que son interlocuteur ne verrait sûrement pas mais peut-être le devinerait-il.

"Et la vôtre?"

La jeune titulaire se releva et s'adossa au mur de la chambre, les jambes en tailleur. Elle n'avait pas sa blouse, juste sa tunique bleue dans laquelle elle se sentait si à l'aise d'habitude. Ses larmes continuaient de couler, elle n'arrivait pas à les arrêter. Encore une fois, elle essuya ses joues, et sortit un mouchoir de sa poche. Elle devait avoir l'air vraiment pathétique, mais la faible lumière de la pièce l'empêchait d'être trop bien vue. Par chance, elle était tombée sur quelqu'un qui avait l'air d'être sympathique. Lui non plus n'avait pas eu une journée terrible apparemment, et elle s'en voulut de ne pas s'être rendue compte plus tôt de sa présence. A sa remarque, elle eut un petit rire nerveux.

"Je suis désolée... je crois que je craque complètement"

Oui, c'était ça, elle craquait complètement... trop de choses s'étaient accumulées récemment. Elle avait su gérer plus ou moins jusqu'à maintenant, mais ce qui venait de se passer représentait la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Elle était épuisée physiquement mais aussi psychologiquement. C'est donc pourquoi ses larmes étaient intarrissables. Elle s'en voulait d'être dans cet état, elle n'aimait pas ça du tout... d'autant plus qu'elle n'était pas la seule à avoir eu une journée pourrie. Elle releva la tête pour apercevoir son interlocuteur. Elle ne l'avait encore jamais vu, mais son regard et sa voix douce l'apaisa.

"Commencez par me raconter la vôtre, je vous parlerai de la mienne après si ça ne vous dérange pas... je crois que j'ai besoin de me changer les idées"

Sandy n'aimait pas raconter sa vie à des inconnus, mais aujourd'hui elle avait besoin de parler, et peut-être pourraient-ils tous deux s'entraider?

Sandy appréciait le ton de la voix de son interlocuteur. Elle appréciait sa présence. Il ne la bousculait pas et ça lui faisait du bien. Elle avait besoin de quelqu'un à qui parler, et malgré le fait qu'il n'allait pas bien non plus, il prit le temps de l'écouter. Elle le laissa s'approcher, se décalant un peu sur le lit pour lui laisser assez de place. Le seul fait de le savoir à côté d'elle la consola un peu, elle n'était pas seule! Il avait raison, craquer pouvait parfois faire du bien... Parfois elle avait besoin de toucher le fond pour pouvoir mieux rebondir. Tout évacuer était peut-être la solution, peut-être y verrait-elle plus clair après. Elle gardait toujours tout pour elle, et elle savait que ce n'était pas le meilleur de moyen de s'en sortir. Elle n'était pas la seule à passer par là. Ses larmes se firent moins nombreuses.

"Merci... merci d'être là... on ne se connait pas et pourtant..."

Elle l'écouta raconter son histoire. Une histoire similaire à la sienne en quelque sorte. Oui elle était là depuis plus longtemps, mais elle aussi avait perdu sa première patiente, son premier jour en tant que titulaire, et ça n'avait pas été la seule. D'autres avaient suivi, des mères comme des nouveaux-nés. Bien-sûr la jeune femme savait au fond d'elle qu'elle n'était pas totalement responsable de ses pertes. La vie est ainsi faite que l'on ne peut pas toujours sauver tout le monde, mais la culpabilité reste et nous ronge petit à petit. Et c'est ça aussi qui nous fait avancer et nous améliorer. Elle comprenanit parfaitement ce que son collègue ressentait en cet instant précis. Pas besoin de mettre des mots dessus, pas même besoin de voir son visage qui lui aussi transpirait la tristesse, elle savait. Simplement, elle posa sa main sur la sienne.

"Je suis désolée... sincèrement... je sais ce que c'est, on passe tous par là... mais vous n'auriez rien pu faire."

Elle se tut un instant, le regardant dans les yeux, pour essayer de lui faire comprendre que ce n'était pas de sa faute, puis elle poursuivit par son récit

"J'ai moi aussi perdu ma première patiente, mon premeir jour en tant que titulaire... c'était il y a un an, et je ne m'en suis toujours pas remise!... Là je viens de perdre une mère et son bébé parce qu'on manquait de personnel et que mon imbécilé d'interne à qui j'avais confié cette patiente plutôt stable a eu la bonne idée de partir plus tôt sans prévenir personne. Résultat, cette femme a fait une crise d'éclampsie et je suis arrivée trop tard pour la sauver. Son mari menace de me poursuivre en justice..."

Elle était en colère, non seulement contre son interne, mais aussi contre elle. Elle aurait dû savoir qu'il ne fallait pas le laisser seul. Elle le connaissiat pourtant! Et maintenant, c'était une innocente famille qui en payait le prix!

Non, Sandy ne trouvait pas que se confier était faible de la part d'un homme... bien au contraire, elle trouvait d'autant plus forts ceux qui réussissaient à le faire, au moins eux montraient qu'ils n'étaient pas parfaits... et n'est-ce pas là la nature de l'Homme? A sa question, la jeune femme eut un petit rire... nerveux bien sûr. Etait-il normal de perdre un patient le premier jour de travail? Elle n'en savait rien. Il était normal de perdre des patients au cours de sa carrière.. mais habituel le premier jour? Franchement? Le stress, le manque de confiance en soi... tout cela n'était peut-être pas en faveur du malade. Quoique? Elle n'avait pas vraiment de réponse à cette question. Elle baissa la tête avant de répondre

"Je n'en sais rien... j'imagine que ça nous aide à progresser, à devenir de meilleurs médecins..."

C'était la réponse qu'on lui avait faite alors qu'elle sortait du bloc avec la vision de cette femme nue et sans vie sur la table d'opération. Etait-ce vrai? Peut-être. Repenser à cet épisode la replongea dans son passé. C'était une femme battue qu'elle avait dû prendre en charge... elle même avait été battue et avait bien faillit en mourir... par deux fois! Elle se revit par terre dans l'appartement de son ancien petit ami, agonisant, lui riant de la voir ainsi, ivre comme à l'accoutumée... Elle se revit à l'hôpital, attachée de tous les côtés... tensiomètre, perfusions, scope cardiaque... NON!! Il était hors de question qu'elle repense à cela! Elle allait déjà assez mal comme ça sans pour autant en rajouter. Et elle s'était promis d'oublier tout ça. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle elle avait accepté ce poste à Seattle. Ses larmes avaient recommencé à couler. Une fois encore, elle les essuya d'un revers de la main. Elle releva la tête et croisa le regard de son confrère. Il avait raison quelque part... ce n'était pas vraiment de sa faute. Cet interne n'aurait jamais dû partir sans prévenir, et il serait puni. Elle s'arrangerait pour qu'il en paye les conséquences. Mais bien qu'elle sache que logiquement elle n'encourait rien, irrationnellement elle se sentait responsable. Si elle avait gardée cette patiente pour elle ce matin, elle aurait pu la sauver, elle et son enfant!

"Oh croyez moi il ne va pas s'en sortir comme ça! Je sias que je n'y suis pour rien... mais ça ne m'empêche pas de culpabiliser..; comme vous l'avez dit, c'est assez compliqué de ne pas penser qu'on aurait pu faire plus..."

En parler lui faisait du bien. Elle inspira profondément pour se calmer et essayer de se détendre un tant soi peu, puis se retourna vers lui et avec un petit sourire :

"Au fait... Sandra Martin... et vous?"

Sandy non plus n'aimait pas trop se confier. Et pourtant elle avait bien dû le faire à un moment donné. Au début, ses bleus passaient pour des conséquences de chutes dans les escaliers, de cadrant de porte mal visés... enfin c'était ce qu'elle faisait croire, même si son entourage n'était pas dupe... mais le jour où elle avait fini à l'hôpital, entre la vie et la mort, elle avait pris la décision de poursuivre une thérapie. Oh ça n'avait pas duré longtemps, mais elle avait fini par comprendre que tout garder pour soi et ressasser sans arrêt ne servait à rien, si ce n'était à se sentir encore plus mal. C'est pourquoi aujourd'hui elle s'était que vider son sac face à un inconnu l'aiderait sûrement à passer à autre chose.

Ils étaient tous les deux, dans la pénombre, deux inconnus, mais très proches à cet instant précis. Chacun pouvait ressentir la tristesse de l'autre. Malgré le fait qu'ils se trouvaient l'un à côté de l'autre, Sandy ne distinguait pas bien les traits de son compagnon de fortune. Sa main sur la sienne l'apaisa. Elle se sentait mieux à présent. Encore en colère, mais soulagée d'un poids. Elle respirait déjà mieux, plus calmement, et ses larmes ne coulaient plus. Elle le regarda attentivement. Elle n'avait jamais vu autant de gentillesse dans le regard d'un homme, et en même temps un profond désarroi. Elle non plus ne savait pas par quoi il était passé, mais cela avait dû être très difficile. A le voir, elle éprouvait de la peine pour lui. Elle aurait aimé mieux le connaitre pour pouvoir l'aider un peu plus. Quoique parfois elle n'était pas fine psychologue... Elle prit la main qu'il lui tendait, une main chaude et réconfortante, et lui sourit

"De même"

Rester ici allait la rendre folle. Sa journée était finie, il faisait nuit et elle n'avait pas encore mangé. Comment pouvait-elle penser à manger en de telles circonstances pouurez vous penser? Eh bien tout simplement parce qu'hormis deux tranches de pains ce matin, elle n'avait rien avalé de la journée et l'hypoglycémie allait se faire sentir. De plus, elle avait besoin de quitter l'hôpital et de se changerles idées. Cela ne changerait rien au problème de rester ici.

"Ca ne vous dirait pas de sortir un peu, de prendre l'air?... je vais étouffer si je reste ici?"

Elle espérait vraiment que l'idée lui plairait... elle ne sesentait pas de rester seule ce soir.

petit petit... jaime bien quand tu dis petit lol

Sandy arriva dans le hall d'entrée avant Owen. Elle le chercha un court instant mais se rendit vite compte qu'il n'était pas encore arrivé, le hall étant quasi vide à cette heure-ci. Seules quelques familles attendaient qu'on viennent les chercher pour les amener auprès de leur proches installées quelque part dans l'hôpital. Elle en profita donc pour aller voir au secrétariat si il n'y avait pas du courrier à son intention. L'hôtesse d'accueil, aussi aimable qu'une porte de prison, lui répondit par la négative. La jeune femme alla donc s'assoir sur l'un des nombreux fauteuils, en attendant son confrère. Lorsqu'elle le vit arriver, un large sourire s'afficha sur ses lèvres. Elle n'avait pas vraiment fait attention à quoi il ressemblait en sortant de la salle de garde, et là, dans son jeans et sa veste, il ne ressmblait en rien à un médecin... comme quoi, l'habit ne fait pas le moine. Elle se releva et le rejoint devant la porte

"Prête!"

Elle passa son bras autour du sien... cela faisait longtemps qu'on n'avait pas été aussi galant avec elle.

"Pas de problème"

dsl j'étais emballé ^^

topic fini