Rob débarque ( PV Sarah Linch )

Rob venait tout juste de terminer ses études de psychologie, qu'il avait commencé deux ans auparavant et avait passé un premier examen avec brio. Il avait été admis, en tant qu'interne de première année, au très renommé Seattle Grace Hospital. Il était venu aujourd'hui en repérage des lieux, pour entrer en contact avec l'endroit dans lequel il allait travailler. Rob appréhendait cette première visite, il craignait de se sentir totalement perdu et surtout de ne pas réussir à s'adapter à ce nouvel environnement. En entrant dans le hall de l'hôpital, il ressentit tout de suite ce dynamisme et cette émulation qui caractérisaient les hôputaux : les locaux étaient surpeuplés, médecins et internes traversaient à grande vitesse le hall ... Il devait s'adapter à cette nouvelle ambiance, en rien comparable à celle des amphithéâtres où il étudiait encore deux semaines auparavant. Il fit quelques pas dans le hall et scruta les envrions pour tenter de sa familiariser avec ce qui serait sa seconde maison. Il se sentait complètement perdu, et ne savait pas du tout à qui il pouvait s'adresser. Bien sûr un titulaire devait s'occuper de lui, mais comment le trouver ? Il fit quelques pas pour s'avancer vers l'accueil , quand il bouscula assez violemment une jeune femme, qui paraissait pressée

" Je suis vraiment désolé " annonça t-il d'une voix authentiquement navrée

Rob s'empressa de ramasser le paquet de cigarettes tombé pendant la brève collision. D'un geste précis et vif, il le saisit à terre et le redonna à la jeune femme en lui souriant. " Tenez " déclara t-il d'une voix détachée et audible. La jeune femme paraissait vraiment exténuée ; à bout de forces même il aurait dit. Rob ne put alors s'empecher de se demander si un jour il serait comme elle, si un jour il serait tellement débordé, tellement absorbé par son travail qu'il ne saurait plus où donner de la tête. Certes, ce métier n'était pas facile et demandait une réelle implication , mais c'était justement pour cette raison qu'il avait voulu devenir medecin. Rob avait toujours voulu aider des personnes ; leur apporter une aide qu'il n'avait pu recevoir de personne lorsqu'il était jeune. Il regarda la jeune femme et lui demanda poliment, dans le but de se faire pardonner de son inattention :


" Peut être que je peux vous offrir quelque chose à boire pour m'excuse de mon imprudence ? "

A l'entendre, Rob avait pu deviner qu'elle était arrivée à saturation niveau travail. Il ne savait, en aucun cas, depuis combien de temps elle travaillait, mais son visage laissait parfaitement sous entendre qu'elle travaillait bien plus qu'un simple bureaucrate qui aurait pu se plaindre de ses huit heures consécutives de travail par jour.

" Allons-y dans ce cas ! " déclara Rob d'un ton enthousiaste. Et puis il n'était pas à la minute près. Aujourd'hui il n'était venu qu'en repérage des lieux, donc il pouvait très bien se permettre de prendre une pause café, avoir encore d'avoir commencé à travailler. Rob commença à marcher en compagnie de la jeune femme. Seul problème, il ne savait pas par où il devait aller. L'hôpital semblait être un véritable labyrinthe, composé de centaines de couloirs et débouchant sur des milliers de portes, encore inconnues pour le moment. Tout en marchant il dit en souriant à la jeune femme

" J'espère que vous n'êtes pas en train de me suivre parce que moi je ne sais pas du tout le chemin qu'il faut prendre ! C'est plutôt qui moi qui vais vous suivre ! "

Son ignorance topographique le fit sourire. Il avait l'air complètement perdu et faisait vraiment tache, par sa lenteur , parmi toutes ces personnes dynamiques et hyperactives qui arpentaient les couloirs de long en large.

" En tout cas, si je peux me permettre, vous m'avez l'air vraiment fatiguée ... Est-ce que je me trompe ? "

Tandis qu'ils marchaient en direction de la caféteria, Rob tentait de s'imprégner des lieux tout en sachant pertinemment qu'il les aura oubliés ne serait-ce qu'une petite heure après. La jeune femme se moquait ouvertement mais gentiment de sa maladresse de "petit nouveau " .Tout le monde avait du remarquer qu'il était nouveau et il était à présent certain qu'il en avait du faire sourire plus d'un.

" Je suis effectivement nouveau " annonça t-il fièrement à la jeune femme. " Je viens tout juste de terminer mes études de psycho, maintenant je rentre sur le terrain "

Rob était fier des études qu'il avait entamées. Rien, durant sa jeunesse n'aurait pu présager qu'il était destiné à ce genre d'études. Sa mère, le considérait comme un pur incapable et n'avait soutenu son frère, dont il n'avait plus aucune nouvelle. Rob, en tout cas était fier d'avoir réussi et était prêt à montrer au monde entier ce dont il était capable. Pour autant, force est de constater, qu'il avait seulement réussi à faire quelques personnes. Rob et la jeune femme s'étaient installés dans la caféteria. il avait pris la même chose que cette dernière. Non pas par simple désir de mimétisme, mais seulement parce qu'il ne savait pas ce qu'il y avait d'autre. Elle lui expliqua alors qu'elle en était à sa vingt et unième heure de garde. Rob était partagé entre un sentiment de pitié pour la jeune femme et une certaine admiration.

" Je ne dirais pas que vous ressemblez à un zombie ... du moins pas jusque là ... mais en tout cas, vous paraissez vraiment exténuée. Enfin, vous me paraissez exténuée ! "

Rob ne savait pas s'il avait vexé la jeune femme ou pas. En temps normal, ces mots pouvaient paraître difficile à entendre mais dans l'univers hospitalier ils étaient tout à fait normaux, anodins presque. La jeune femme se présenta à Rob, chose qui ne lui était même pas venue à l'esprit.

" Moi c'est Robert Hawkins, mais on me surnomme couramment Rob' ; enchanté ! ca fait combien de temps que vous travaillez ici ?? "

Rob continuait à boire son café, il le sirotait. On aurait pu avoir l'impression qu'il était sur une chaise longue. Affalé sur sa chaise, les doigts de pied presque en éventail, il ne savait pas encore ce qui l'attendrait dans quelques jours à peine

Cela rassura quelque peu Sarah sur les capacités mentales actives qu'il lui restait à 5 heures de la fin de sa garde le fait que le jeune homme soit effectivement médecin et effectivement nouveau. Elle n'était pas si fatiguée que ça si on relativisait un peu... Elle lui adressa un clin d'oeil pour le rassurer quand elle vit paraître sur ses yeux un voile de gêne, il ne fallait pas qu'il s'imagine être catalogué par des médecins prétentieux et moqueurs. L'ambiance du SGH était bien plus conviviale que ça et partir sans a priori était la règle, une chance pour un hôpital universitaire par ailleurs !

Psycho ! Wow, vous attaquez une spécialité en particulier ?

Elle remit en place une mèche de cheveux revenue devant ses yeux puis, presque par réflexe, détacha le reste de sa longue chevelure brune. Si ses cheveux assombrissaient son visage ils lui permettait aussi de prendre un peu de couleur et de jouer avec la lumière pour redonner un peu de relief à se regard ternit par la fatigue.

Assise en face de lui elle écoutait toujours avec une grande attention ses paroles et cette voix qui résonnait si particulièrement pour elle. Oscillant entre une chaleur bienveillante et un souvenir incertain la jeune femme aurait presque pu dire qu'elle le connaissait depuis toujours, qu'elle avait entendu sa voix des centaines de fois, et pourtant il n'en était rien, son visage ne lui disait absolument rien. Elle discerna dans ses yeux ce sentiment mêlé de pitié et d'une certaine forme de respect lorsqu'il la regardait. A travers elle il voyait probablement son avenir proche, celui qui serait composé d'une quasi absence de vie et de fatigue accumulée avec les gardes sans fin enchaînées, ponctuées de cafés et de douches brûlantes prises entre deux dans les vestiaires. La vie des internes était loin d'être facile, mais fascinante pour ceux qui avait fait ce choix, elle tenta de se faire rassurante en lui répondant d'un ton plus doux :

Je suis un peu fatiguée mais rien de dramatique, vous verrez les débuts son tellement passionnant qu'on ne s'en rend même pas compte.

Elle but une longue gorgée de son café chaud et prenant le temps de savourer le goût et la chaleur qui se répandait à l'intérieur de sa gorge. Son gobelet posé sur la table elle remuait machinalement le liquide brûlant en regardant son interlocuteur souriant.

Charmée de même Rob, est-ce que ça te pose un problème métaphysique si on se tutoie ? dit elle en riant. Ca doit faire un peu plus d'un an que je bosse ici comme infirmière.

Rob n'avait pas encore réussi à choisir une spécialité en psychologie. Il espérait justement de cette année qu'interne pour parvenir à se décider. Il est vrai que cette branche des sciences cognitives lui laissait un vaste choix pour se spécialiser. Choix tellement vaste qu'il n'avait réussi durant ses études à la faculté, à se fixer sur une spé. Il allait donc être franc avec Sarah, puisqu'elle s'appellait ainsi et lui dire qu'il ne savait pas encore ce qu'il allait faire.

" Ecoutez .. enfin écoute " dit-il en insistant bien sur la terminaison du verbe cité en seconde position " je ne sais pas bien encore ce sur quoi je voudrais travailler. Il y a tellement de possibilités, que je n'ai pas encore de véritable idée ... la seule chose qui m'attire le moins dans cette branche, c'est l'étude du langage ... "

Rob avait fini son café et hésitait à en reprendre un autre. il savait que boire trop de café n'était pas chose bonne pour lui. Il finirait par être hyperactif et n'arriverait à s'endormir qu'après avoir avalé une quantité de somnifères. La jeune femme le rassura dans l'idée que c'était un travail passionnant. De toute manière, il n'en avait jamais douté. ce qu'il craignait, au contraire, c'était cette espèce de routine qui pouvait s'installer dans les boulots courrants. C'était surtout ce qu'il ne voulait pas ; Rob refusait un boulot où tout était déjà tracé, refusait toute idée de destin que certains stoiciens pronaient. Au contraire, Rob voulait un travail hors du commun, attractif, un travail qui donne envie d'être fait, qui ne soit pas lassant. Sarah d'ailleurs était au sein du SGH depuis près d'un an et elle ne paraissait pas blasée par son travail. C'était bon signe en tout cas.

" Et durant cette année, vo.. tu n'as jamais songé à arreter ? " demanda t-il, sponanément.

Rob se rendit alors compte de la stupidité de sa question. Si elle avait voulu arreter pourquoi alors serait-elle encore là, à ses côtés à discuter du caractère passionant de son métier ? Rob était très doué pour parler avant même de réfléchir. Cmbien de fois a-t-il gaffé devant des personnes, en disant des choses qu'il regrettait cinq secondes après.

La lumière dans la salle était plutôt douce et l'absence quasi complète de bruit avait un effet des plus apaisant sur la jeune femme qui se prit un instant à fermer les yeux pour les reposer un peu. Elle voyait un peu flou, les sons étaient amplifiés un lendemain de fête difficile mais sans la fête en somme... Cependant le goût du café mêlé à la légèreté de la crème fondant dans sa bouche la maintenant chaque fois un peu plus dans la réalité sensible. La jeune femme détestait être dans cet état là, elle était parfois emportée dans des flots de colère à la vue de ses cernes ou bien en faisant tomber pour la trente millième fois de la journée son stylo n'ayant plus aucune force dans les mains. Sarah écoutait pourtant Rob avec toute l'attention qu'il lui restait et ce qu'il disait avait un intérêt certain et elle sourit en l'entendant user non sans quelques difficultés au démarrage du tutoiement avec elle.

Tu es ici pour le découvrir de toute façon ! J'avais suivi quelques cours de psycho quand j'étais en fac, il ne m'en reste pas grand chose mais au contraire j'avais particulièrement apprécié la linguistique et les études du langage...

A mesure de ses rencontres du moment la jeune femme songeait de plus en plus à se motiver pour faire les démarches et reprendre quelques cours à la fac tout en suivant son métier actuel en parallèle. Le changement sur un coup de tête avait longtemps été sa politique mais celui ci avait été longuement réfléchi et il était à présent à peu près impossible pour elle d'envisager de rester enfermée comme infirmière en obstétrique. Il ne lui restait plus qu'à choisir, quand, quoi et où... une paille.

Arrêter jamais, m'enfuir en poussant des cris inarticulés parfois j'avoue... dit elle pleine d'humour.

Rob avait l'air de se sentir gêner, de chercher à se rétracter, à retirer sa question qu'il jugeait trop vite stupide et qui à la réflexion était bien loin de l'être. Changer pour elle reviendrait plus ou moins à arrêter ce qu'elle faisait maintenant, mais elle n'allait peut être pas le perdre dans les détails de son existence dès le premier jour où il mettait les pieds dans l'hôpital ! Elle se mordit donc la lèvre inférieure avant de reprendre en souriant :

Tu commences aujourd'hui ta première garde ?

Sarah semblait être en semi-léthargie ; elle ne bougeait, ni même ne clignait des yeux. Rob avait de ce fait l'impression de dialoguer avec une statue. Pour autant, elle l'écoutait attentivement et lui posait même des questions concernant ses gardes. Plus il discutait avec elle, plus il se sentait à l'aise. Il parvint même à oublier le stress de sa première garde en tant qu'interne en psychologie. Toutefois, la réalité le rattrapa bien vite, notamment lorsque Sarah lui demanda si aujourd'hui était bien le jour de sa première garde. Rob avait presque oublié ce pourquoi il était là :

" Oui c'est aujourd'hui que je commence " annonça t-il en esquissant un vif sourire à la jeune femme, qui laissait entrevoir une dentition quasi parfaite.

Le temps s'écoulait plus vite qu'il ne le pensait. Sa garde allait débuter dans à peine quelques minutes. Pourtant, il ne voulait pas partir et voulait continuer à discuter avec la jeune femme qui semblait avoir des interets communs avec Rob. Et puis, il craignait la rencontre avec son titulaire. Il ne savait même pas s'il s'agissait d'une femme ou d'un homme. Sarah devait surement savoir, et puis c'était l'occasion de lui demander :

" Tu sais qui c'est le titulaire en psychologie ? Parce que je n'ai pas encore eu l'occasion de le ou la rencontrer ... "

Rob avait dit çelà avec une telle gravité qu'on aurait pu penser qu'il venait de perdre quelqu'un qui lui était cher. Rob avait un don pour amplifier et dramatiser les choses qui ne méritaient pas de l'être.

Son titulaire n'avait pas la répuatation d'être tyrannique." Voilà une bonne chose " , pensa Rob. Il eut alors l'impression qu'un poids s'était complètement envolé ; sa crainte et appréhension s'étaient un peu atténuées, mais restaient toutefois toujours présentes ... Comme il avait l'habitude de le faire remarquer aux personnes qui l'entouraient, on ne pouvait juger quelqu'un par ce qui était dit. Au contraire, iol devait juger par lui même et ne devait pas s'abreuver de vils préjugés. Rob se leva de sa chaise, et prit son gobelet vide, qu'il jeta dans une poubelle qui faisait le coin de la salle. Apparemment, Sarah avait pris la décision de l'accompagner jusqu'au septième étage. Cela le rassura partiellement, au moins il ne serait pas perdu et éviterait tout retard. Après un vif coup d'oeil à sa montre fixée à son poignet gauche, Rob vit qu'il était dans les temps. Ce temps semblait s'écouler très lentement : les quelques minutes qui le séparaient de sa première garde semblaient une éternité. La tension de Rob était réellement palpable et ce dernier ne savait âs vraiment quoi dire à la jeune femme ; ordinairement il aurait immédiatement trouvé un sujet interessant de conversation mais là, il n'était pas vraiment en mesure de trouver quelque chose de vraiment pertinent. Tandis qu'ils marchaient en direction du septième étage, Rob regarda la jeune femme et lui demanda

" Sinon tu habites en ville ? " Il était évident que cette question n'était pas vraiment authentique. Elle semblait avoir été posée simplement pour combler un silence pesant. En tout cas, il était vraiment reconnaissant envers Sarah de le soutenir. Même si ça pouvait paraître comme une étape mineure , pour lui celà avait de l'importance. Un faible merci sortit de la bouche de Rob.

" pour m'avoir accompagné " continua t-il

Les sept étages que devait monter l'ascenceur semblaient durer éternellement, comme s'il fallait parcourir cent mètres entre chaques étages. Les numéros, sur l'écran lumineux, défilaient on ne peut plus doucement. Rob était accoudé sur la barre métallique de l'ascenceur ; froide et dure qui lui rappellait les fois où il avait pris l'ascenceur durant sa jeunesse, accroché à cette même barre, terrifié à l'idée d'entrer dans ces appareils nauséux. Cette phobie infantile était désormais passée et bien loin derrière lui , aujourd'hui ce n'étais pas celà qui le rongeait.

Comme ça elle habitait sur Aurora. Une de ses amies y habitait aussi ; Rob connaissait vaguement le quartier. Il y était venu quelques fois, et s'y était perdu aussi quelque fois lorsqu'il voulait retourner chez lui. Ce quartier lui avait pas mal plu, mais Rob n'avait réussi à trouver un appartement peu couteux. Tous ceux qui étaient éventuellement dans ses moyens, étaient soit infestés d'insectes ou bestioles dérangeantes ou se dégradaient de part et d'autre. Il avait finalement réussi à en trouver un, dans son budget, correctement entretenu.

" Moi, je me suis installé sur Mercer Street , j'ai réussi à en trouver un pas trop cher pour moi ! " avait-il dit à la jeune femme. Installé était toutefois un grand mot. Il aurait plutôt dû dire, " jeté ses cartons dans l'appart " ; tout était sans dessus dessous dans l'appartement et Rob n'avait encore rien déballé depuis qu'il était arrivé. Il n'avait pas vraiment le courage d'ouvrir ces cartons, qu'il avait mis tant de temps à faire et puis il n'en voyait pas vraiment l'utilité. Ses doigts continuaient de tapoter le barre métallique, ce qui émettait un son creux, plutôt agaçant.
La présence de Sarah dans l'ascenceur le dissuada de continuer. Il savait pertinemment qu'il pouvait être vraiment agaçant lorsqu'il était stressé. Celà le fit sourire. Il s'imagina alors l'image que Sarah devait avoir de lui ; un garçon au bord de la crise de nerf, sous pression, complètement ininteressant. Ses lèvres se crispèrent. Il regarda la jeune femme, et lui dit d'un air désolé :

" Je suis désolé de t'embêter avec ça ... tu dois avoir du travail à faire, et moi j'arrive et te monopolise complètement ... vraiment désolé "

Rob se gratta la tête, nerveusement et s'adossa contre la paroi vitrée de l'ascenceur, plutôt sale et recouverte de traces de doigts, dont on pouvait s'interroger sur leur provenance. Le chiffre 6 était à présent inscrit sur l'écran lumineux, il allait bienôt arriver.

Adossé à la barre métallique , Rob s'imaginait déjà le pire concernant sa garde qui allait commencer. Les yeux tournés vers le plafond semi-lumineux, Rob s'imaginait déjà comment il allait être "accueilli" par son titulaire, comment ce dernier allait le traiter et se voyait déjà accomplir les plus viles corvées imaginables tel un Cendrillon masculin moderne. Cette pensée le fit sourire. " Que tu es stupide " pensa intérieurement le jeune homme. Tellement absorbé par ses rêveries quasi infantiles, Rob n'avait remarqué que la jeune femme s'était approchée de lui. Ce ne fut que lorsqu'elle posa sa main sur celle de Rob qu'il remarqua sa présence. A présent, elle n'était vraiment plus très éloignée de lui ; elle devait se situer à une vingtaine de centimètres de lui. Rob commença à se questionner, était-il en train de rêver ou bien se trouvait-il réellement dans l'ascenceur d'un hôpital inconnu tout près d'une ravissante jeune femme. Cette seconde alternative semblait être la plus envisageable et la plus pertinente. Rob, toutefois, ne rêvait pas et n'était pas en pleine illusion. La jeune femme était bien là à côté de lui, à quelques centimètres. Une certaine tension était palpable, Rob ne savait quoi faire et restait immobilisé sur place. Le temps semblait s'être complètement arrêté et Rob avait l'impression d'être dans un autre monde, hors du temps, dirigé entièrement par Sarah. Les portes qui s'ouvrirent subitement ramenèrent Rob à la dure réalité ; il en avait complètement oublié sa garde et son esprit était à présent focalisé sur bien d'autres choses. La jeune femme donna à Rob son numéro de téléphone inscrit sur une vulgaire ordonnance. Rob plia délicatement le morceau de papier qu'il mit dans la poche de sa blouse, invisible aux yeux des autres et souria à la jeune femme.

" Monopolisable elle est ? Monopolisée elle sera " pensa alors Rob. Sarah se dirigea à l'extérieur de l'ascenceur et commença à marcher. Rob la suivit et l'interpela :

" Attends voir " lui avait-il dit, naturellement " Si tu es si monopolisable, je souhaiterais te monopoliser demain soir pour un dîner ... "

Rob avait complètement oublié sa garde, commencée depuis quelques minutes à présent. Il avait presque retrouvé sa vivacité juvénile, et se surprit lui même parce qu'il venait de dire. Rob ne s'était jamais connu aussi direct et confiant. Au contraire, il s'était toujours vu comme un garçon doutant , plutôt sceptique qui se remet sans cesse en question. Une sorte de Descartes moderne quoi. A son tour, Rob déchira un bout de l'ordonnance sur laquelle était inscrite l'adresse de Sarah et marqua en lettres capitales son numéro de téléphone portable. Il donna la feuille à Sarah, avec un sourire narquois, comme il savait si bien faire.